Le zèbre est un animal qui se fond dans la savane

homme_zebreL’enfant précoce et l’adulte HP sont des thèmes qui m’interpellent.
Je n’aime pas parler de surdoué car selon moi, ce terme implique une connotation qui ne me semble pas correspondre à cette tribu bien particulière que constituent les zèbres.

Pourquoi des zèbres ?

Cette appellation de zèbre, je la reprends de Jeanne Siaud-Facchin qui a écrit 2 beaux livres sur le sujet :

L’Enfant surdoué

– Trop intelligent pour être heureux ? L’adulte surdoué

Comme elle l’explique, le zèbre est un animal singulier, différent. Un équidé qui ne ressemble à aucun autre et qui est le seul que l’homme ne peut apprivoiser.
Grâce à ses rayures, le zèbre se camoufle dans la savane. Ces fameuses rayures distinguent chaque zèbre d’un autre car comme les empreintes digitales, chaque zèbre a un système de rayures unique.

J’ai lu les livres de Jeanne Siaud-Facchin avec intérêt et pour cause ! Enfin quelqu’un qui écrit quelque chose de sensé sur le phénomène “surdoué“.

Commvilain_petit_canard_coming_e je l’explique dans je fais mon coming-out, je fais partie de cette population un peu étrange qui est bien difficile à comprendre, même par les siens !

Cette notion de singularité et de cas unique, représenté par le système de rayure chez le zèbre, s’est parfaitement reflété au cours de la lecture. Parfois, je me retrouve et/ou un de mes fils, mes neveux, parfois pas du tout (oui, on fait partie d’une population qui se multiplie… en tout cas dans ma famille, il y a un fort caractère héréditaire).

En fait, je pense sincèrement que chaque zèbre est différent et que l’amalgame créé des généralités n’est pas toujours justes.

Chaque zèbre est un cas unique

empreinteJe le vois déjà facilement en observant mon fils aîné. Si j’étudie son comportement ou ses réactions dans un contexte particulier et que je compare avec la manière dont j’aurais réagi à son âge face au même type de situation, la différence est parfois flagrante.
En même temps, il faut prendre en compte la distorsion de ma perception et ajouter quelques bémols. Surtout, il ne faut pas oublié un point de la même manière que deux personnes d’une même famille peuvent avoir des personnalités et comportements différents, dans le cas des zèbres, c’est évidemment pareil !

S’accepter en tant que zèbre

ZebreAvant de s’accepter, il faut savoir ! Dans mon expérience, tout comme ce qui est rapporté par JSF (Jeanne Siaud-Facchin), la personne précoce non dépistée se sent différente et vie un sentiment de mal être inexpliqué. Elle se sent différente, inadaptée, rejetée pour une raison incompréhensible. Heureusement, aujourd’hui, le phénomène est plus connu et reconnu. J’ai même été épatée des moyens proposés par l’éducation nationale pour mieux accueillir ces enfants et éviter qu’ils sombrent dans l’échec scolaire. Ce qui est perçu par une intelligence hors norme est en réalité un autre mode d’intelligence.

On ne peut pas demander à un zèbre de monter à un arbre, pourtant le singe y arrive facilement ! Dans le cas inverse, le zèbre est beaucoup plus rapide que le singe.

Le zèbre prince du camouflage dans la savane

texture-489276_960_720Je parle de prince car selon moi, le caméléon est le roi du camouflage, même s’il lui est plutôt dans la jungle. Ce fait est finalement simple à comprendre. L’enfant précoce et l’adulte HP ont une capacité hors norme à s’adapter, tout comme à s’auto-critiquer, à trouver la moindre de ses failles et à s’en auto-flageller. Pour qu’un zèbre puisse s’apprécier, le parcours est long car il faut parvenir à ce point d’équilibre où ses failles et points d’amélioration semblent moins nombreux que ce qui lui semble avoir été fait correctement.

Je vous garantis que pour un zèbre qui s’engage dans cette recherche, la route est longue !
Le rapport qu’il peut avoir avec lui-même est bien étrange.
De l’extérieur, il ressemble à un individu sur de lui, fort,… mais en réalité c’est une carapace qui en cache une autre, puis une autre, puis encore une autre. Du coup, le résultat est quasi-parfaitement hermétique.

iceberg-404966_960_720La raison est bien simple. Depuis notre plus jeune âge, sous l’iceberg se joue une lutte perpétuelle. La lutte pour calmer nos réactions émotionnelles qui sont toujours trop fortes et que l’on combat à coup d’azote pour les geler jusqu’à ce que plus rien ne bouge et la lutte perpétuelle contre notre mental pour qu’il soit enfin consentant et se taise. La troisième lutte étant de réussir à freiner son empathie pour arrêter de vivre les ressentis des autres.

Pour moi, la lutte la plus compliquée a été la seconde. Mais, pour que mon expérience, que je partage avec vous aujourd’hui puisse servir à quelque chose, je ne suis lancée dans une rétrospective.

La gestion de mes émotions ou comment j’ai appris à les canaliser.

judo-295100_960_720Jusqu’où j’arrive à me souvenir, ce qui m’a aidé, ce sont les arts martiaux. J’ai commencé le judo à 5 ou 6 ans. Ensuite, j’ai été contrainte à arrêter quelques années lorsque mon senseï m’a congédiée pour que je puisse assurer ma croissance. Avant ça, j’y allais deux fois par semaine et une semaine pendant les vacances d’été.

La sagesse, les règles, la maîtrise, le respect, tout ce qui anime l’âme des arts martiaux m’a offert des clés pour contenir mes émotions en les canalisant et acquérant des règles philosophiques non-négociables. J’ai recommencé ma pratique des arts martiaux à 12 ans pour arrêter à 16 ans.

Cette solution qui m’a plutôt convenu a ses failles : j’ai tenté de reproduire ça pour mon fils mais… il ne veut plus faire du judo car les autres “font trop fort”. Il est super émotif et sur-réagit aux stimuli.

Mais aujourd’hui, je me rends clairement compte que mes démonstrations émotionnelles sont un peu trop plates. Mes échanges manquent d’émotion. Et en même temps, lorsque j’entre-ouvre la boîte, c’est déjà trop fort… Le juste milieu ne semble pas atteignable. La question se situe donc au niveau suivant. Lorsque notre entourage souhaite entendre le doux va-et-vient des vagues vaut-il mieux leur offrir un petit tsunami ou une mer d’huile ?

Comme vous aurez pu le comprendre, j’ai une préférence pour la mer d’huile car finalement, à quel niveau de dégâts considère-t-on qu’un tsunami est suffisamment petit pour être acceptable ?

Du côté de la gestion du mental

texture-489276_960_720On atteint le plus hard. En tout cas ce qui l’a été pour moi.

Je sais qu’une grosse partie s’est jouée entre 3 et 5 ans. A cette période, comme beaucoup d’enfants précoces, j’étais pétrifiée par l’idée de vieillir et de mourir. Cela m’empêchait de m’endormir. Je me posais en boucle des questions sur le pourquoi de la vie, l’intérêt de la vie humaine, la raison de l’existence de tout et n’importe quoi, du plus grand au plus petit. La raison de la répétition entre l’infiniment grand et l’infiniment petit était une vraie préoccupation obsédante. J’étais convaincue que vous vivions sur une simple cellule (ou un simple atome) d’un géant et que les autres planètes de notre système solaire n’étaient que des cellules (ou atomes) voisins. Qui était Dieu ? Comment, il pouvait interagir avec l’homme ? Pourquoi, la terre et son peuple souffrait autant ? Pourquoi ? Pourquoi ? Comment ? Pour quelle raison ? et si jamais…. Bref pas beaucoup de place pour l’inexplicable !

Et en parallèle de ça, je me détestais, je haïssais tout ce qui faisait moi, tout ce qui me faisait sentir être différente, à part, incomprise, inadaptée, non-conforme, pas comme les autres,… bref, c’était pas joli joli.

Alors, qu’est-ce qui m’a aidé à ce niveau ? Ma curiosité, ma capacité d’écoute, d’apprentissage et de compréhension. J’étais une éponge. J’ai écouté, lu observé, appris, cherché et usée l’énorme encyclopédie en une vingtaine de volume que nous avons eu à la maison. J’ai démarré une acquisition de connaissance en boucle… mais pas à l’école…

south-africa-926928_960_720

buddha-606023__340Celui qui m’a offert mes bases, je crois que c’est mon grand-père paternel. Cet homme, mon mentor, que j’ai connu si peu m’a donné confiance en moi. M’a montré que derrière des questions complexes, il pouvait y avoir des explications simples. Il m’a appris la voie du milieu, les fondements de la sagesse, la nécessité d’être fier et droit pour être respectable… et tellement d’autre chose dont l’ouverture à l’autre, la constance, la ténacité, l’important d’être soi et personne d’autre.

Lorsqu’il nous a quitté, je venais d’avoir 4 ans quelques mois plus tôt. Oui, c’est vrai, j’étais petite mais j’ai des souvenirs extrêmement clairs de nos moments et de nos échanges.

enfants-bouddhaNos moments étaient magiques.

Après cette période, plutôt douce, j’ai eu des moments plus acides. Mais j’ai développé des stratagèmes. A l’école, pour tenir en place et ne pas m’ennuyer, j’avais des activités parallèles. Oui, l’école est bien difficile pour l’enfant précoce qui est généralement hyperactif :

– il faut tenir en place, assis
– on nous rabâche la même chose x fois alors que dès la première fois c’est acquis
– il faut rester parfois plus de 15 min sur la même activité alors qu’on a tendance à papillonner, l’attention soutenue étant bien ardue
– on est confronté à plein temps avec notre incongruence face aux autres enfants de notre âge
– la pression de la réussite attendue par nos parents compte-tenu de nos capacités hors normes est pesante

Bref, l’école, c’est un peu le bagne de l’enfant précoce.

créativitéMa technique stratégique, comme je le disais précédemment a été de développer une activité parallèle.
Mais pas n’importe laquelle. Une activité dans la matière, répétitive, récurrente qui peut-être réalisée en automatique. Faire des scoubidous, des dessins de formes répétitives et imbriquées, des bracelets brésiliens… A partir de là j’ai expérimenté la frustration des profs avec la question récurrente “Laetitia qu’est-ce que je viens de dire ?”
Leur frustration venait du fait que systématiquement, je pouvais répéter ce qui venait d’être dit.
Ces pratiques répétitives sont devenues une habitude qui m’a suivi tout au long de mes études.

Au cours de ma vie, j’ai croisé d’autres enfants avec la même problématique, mais même parmi eustill-life-851328_960_720x, j’avais l’impression d’être bien différente. Ils me semblaient, fous, bizarres, irrationnels… moi, je souffrais dans ma tête, eux souffraient aussi dans leur corps.

J’ai croisé une fois un garçon comme moi. Une personne à laquelle je pouvais m’identifier. C’était à l’époque du lycée. Lui avait développé une autre technique pour être camouflé, pour passer inaperçu dans la population “normale”. Pourtant, il avait quelque chose d’inhabituel, une sorte de rébellion naturelle. Il jouait au con débile et se saoulait dès que possible pour servir des discussions cohérentes avec le niveau de ces potes. Il aurait presque pu passer inaperçu, si je n’avais pas capté que parfois, nous avions des discussions un peu atypiques. Et, un jour, je l’ai vu “à découvert” et sans sa meute. Avec le temps, mon impression a été entièrement validée.

Et l’empathie dans tout ça ?

face-985982_960_720La gestion de l’empathie ne m’a pas particulièrement touchée ou peut-être que je n’en ai jamais vraiment été consciente. Mais je sais que ça peut-être problématique pour certain(e)s. Pour moi, c’était comme une indication de l’ambiance qui me donnait des infos sur les relations interpersonnelles des uns et des autres et de ce qui se joue.

Pour ceux qui souhaitent s’informer sur ce qu’est être empathe, vous pouvez lire cet article. Je ne suis pas d’accord sur tout mais le contenu informatif global est complet.

L’empathie ne se soigne pas. Elle est aussi appelée l’intelligence du champ. Par contre, ce qui s’apprend, c’est de “gérer” ou plutôt réguler l’ouverture.

L’empathie est très utile dans de nombreux cas. Mais il ne faut pas la subir. C’est une des caractéristiques connues des personnes “atteintes” de surdon (surdouée, HP, précoce…).

Je ne suis pas d’accord sur tout ce que dit l’article dont je vous ai partagé le lien ci-dessus. Notamment que l’intelligence du champ (l’empathie) peut s’apprendre. C’est un talent qu’on a de façon innée ou pas, et à un niveau très développé ou pas. Mais l’empathe est une personne qui la vit de façon extrême nativement. C’est un caractère inné mais elle peut également être un caractère acquis. Bref… pas de granule pour soigner l’empathie… mais un travail à faire sur la maîtrise de soi 🙂

Pour ceux/celles qui en souffrent, n’hésitez pas à me contacter.

14 réflexions au sujet de “Le zèbre est un animal qui se fond dans la savane”

  1. Beaucoup de passages me parlent notamment cette notion d’image extérieure perçue et de carapace que je qualifie moi même de cuirasse, l’empathie parfois extrême mais toujours masquée que je peux éprouver. Je ressens ce que ressens l’autre comme quelque chose de palpable, ce qui peut paraître contradictoire avec cette notion de carapace, je pense justement quel’un est la conséquence de l’autre, d’ailleurs je vois l’empathie plutôt comme une tare qu’un atout dans la vie. Et ton passage sur les croyances de ton enfance sur l’infiniment grand et l’Infiniement petit, pareil j’avais les mêmes idées, cellule, géant etc..

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    • Merci Romain pour ton commentaire. Nous avons effectivement tous une cuirasse comportementale qui se traduit aussi physiquement du point de vue corporel. La physionomie matérialise cette cuirasse. L’empathie peut-être difficile à vivre. On appelle les personne à l’empathie très développée des empathes.
      L’empathie peut être un avantage ou un inconvénient en fonction de comment tu la vis. Et surtout ta façon de la canaliser.
      Tout le monde est capable de ressentir l’empathie mais à un niveau plus ou moins développé. C’est un peu comme la sensibilité du toucher mais version impalpable.
      Merci pour ton partage. A bientôt

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