Aujourd’hui, je vous parle de matérialité, d’attachement, d’émotionnel et de stratégie de fonctionnement en visitant la question de notre attachement aux choses.
Cela fait un petit moment que je n’ai eu le temps d’écrire.
Pas par manque d’intérêt mais parce que je n’en ai pas eu le temps…
Et que je n’ai pas réellement eu la tête à cela.
Voici plus d’un mois que je trie, donne, jette, répare, vend,… le résultat de l’accumulation de l’attachement aux choses.
Cela m’amène à de nombreuses réflexions, introspections et prises de conscience.
L’attachement aux choses est plus frappant dans certaines circonstances
Aujourd’hui, j’ai été plus particulièrement frappée par une prise de conscience concernant un objet.
Ou plutôt à un instrument de musique vestige d’un rayonnement du passé.
Il s’agit d’un magnifique saxophone noir, un ténor, sculpté d’un motif doré en creux de la fameuse marque Selmer.
Ma mère avait succomber à cette « folie » d’acheter ce magnifique instrument à la fin des années 80.
A l’époque, elle jouait de cet instrument et elle était d’ailleurs douée pour cela.
Elle avait même été choisie pour accompagner, avec ce fameux saxophone Éros Ramazzotti lors d’une de ses premières représentations à Cannes.
Cela avait été une grande fierté pour elle.
L’attachement aux choses augmente avec les drames
Quelques années plus tard, elle sera victime d’un grave accident de voiture dont elle a survécu de façon inexplicable.
Mais elle ne pourra plus jouer du saxophone car les séquelles de l’accident l’empêche d’en supporter le poids.
Elle réessaiera en 1992 notamment, mais conclura que cette incapacité serait définitive.
Pourtant, elle a conservé précisément cet instrument, vestige d’un succès passé.
Cela a duré tout au long du reste de sa vie.
Et maintenant que celle-ci s’est achevée, je me retrouve à visiter tout ces souvenirs embrumés et à me questionner : pourquoi ?
Alors certes, il semble clair que ce saxophone était sujet à un fort attachement émotionnel. Mais tout de même… c’est un ténor !
Cela prend une place conséquente même ranger dans son étui.
Oui, il est magnifique, mais dans son étui, ce point là est imperceptible.
Alors pourquoi ?
Pourquoi s’encombrer pendant 35 ans d’un objet sans utilité alors que nous vivons dans un espace limité ?
Et encore ! Cet instrument a une valeur symbolique, émotionnelle et aussi financière.
Bien d’autres objets présents dans son espace de vie n’en ont pas.
Conserver un objet, quant bien même il n’aurait plus d’utilité factuelle, pratique ou fonctionnelle, a une vraie utilité. Cet objet nous permet de rester un peu encore cette personne que nous avons été.
Il nous permet de faire perdurer cette époque de vie.
Bref cet objet perpétue une époque… et ainsi, nous ne faisons pas le deuil de cette période qui n’est plus.
L’objet offre alors la vertu de garder un pied dans le passé…
Si toutefois nous trouvons qu’il s’agisse d’un vertu.
Un objet tel que celui-ci est le vestige d’une gloire passée.
Il prend alors encore plus de valeur si la personne concernée est en quête de sa valeur, en déficit d’estime personnelle.
Il devient alors inacceptable de s’en séparer car cela reviendrait à une perte de valeur de soi.
Le faire serait comme se départir d’une part de notre valeur.
Il s’agit finalement d’une stratégie approchante de celle de ces personnes qui se veulent être sportives et s’habillent constamment en vêtements de sport alors qu’elles n’arrivent pas à se mettre en mouvement.
L’habit leur permet de faire croire à leur système que c’est là.
Elles sont déjà sportives d’une certaine manière car elles en ont déjà l’habit.
Il s’agit d’un mensonge que nous nous faisons à nous même.
Nous nous offrons un leurre personnel
Qu’en est-il de toute la multitude des autres objets que j’ai dû charrier, trier…
Parmi tout cela, je discerne les vestiges d’objets de valeur du passé… qui majoritairement n’en ont plus.
Pour la grande majorité de cette catégorie d’objets, il s’agit des possessions de mes grands parents, les parents de ma mère, dont elle avait hérité.
Mais qu’elle a gardé alors qu’elle n’en avait aucune utilité.
Mes propos n’est évidemment pas de juger mais de prendre conscience.
Car je souhaite valoriser chacun de ces objets pour ce qu’il est.
C’est-à-dire en le nettoyant de sa charge émotionnelle pour qu’il puisse obtenir une nouvelle valeur déchargée de l’ancien.
On lui offre alors de pouvoir porter et jouer une nouvelle mélodie.
S’attacher aux choses ou s’encombrer avec ?
Certes, il serait probablement plus simple de tout jeter. Mais pour quoi faire ?
Quelle serait la réelle utilité en dehors de se décharger grossièrement sans conscience.
Alors cela me prend du temps, beaucoup de temps même et de l’attention.
Certains diront qu’il s’agit de temps et d’argent perdus inutilement.
Pourtant, pour moi, il s’agit d’honorer, honorer ses objets, leur histoire, leur mémoire…
Et ensuite, que je choisisse de les donner ou de les vendre, je m’investis à offrir autre chose avec : un peu d’amour, du coeur, des voeux et bénédictions.
Même ce qui est jeté est trié, recyclé, pour être valorisé au maximum.
Je ne prétends pas que c’est ainsi qu’il faut faire mais c’est mon choix.
Le choix que je fais en Conscience.
Cela me permet d’honorer chaque objet pour ce qu’il a porté en terme de souvenir, d’émotionnel, d’expérience…
De lui offrir une nouvelle vie et de pouvoir contribuer à offrir quelque chose de valeur au lieu de générer des déchets.
Recycler les choses en les libérant de l’attachement qu’ils ont portés
Alors j’avoue que pour certaines (nombreuses) personnes de mon entourage mon choix semble fou, absurde.
Cela n’est pour elles qu’une perte de temps, une fatigue inutile, du travail dont je pourrais me passer… une charge supplémentaire absurde…
Mais je sais que ce que je réalise à travers ce travail est important.
Même si cela ressemble à un travail de titan qui dépasse mes proches, je sais qu’avec constance, j’en verrai le bout dans quelques mois seulement.
Et je serai heureuse d’avoir fait ainsi même si cela m’a retiré des moments de loisirs.
Alors, je continue de m’affairer à déplacer cette montagne d’objets d’attachement et d’usage à la petite cuillère.
A mon sens, c’est aujourd’hui qu’il convient de le faire pour dire au revoir.
M’incliner et laisser partir à plein de moments de vie passés.
Cela nécessite de saluer différentes versions de nous-même, de chaque proche et membre de ma famille.
Et en même temps, je suis consciente qu’en disant au revoir à ce magnifique saxophone, je laisserai partir un ancrage.
Cet ancrage est lié à une série de souvenirs qui s’imbriquent les uns dans les autres dont je me départis.
Chaque objet, vêtement, photo, tableau… est une ancre qui rappelle nos moments de vie passée à notre bon souvenir.
Or, ils sont aussi consommateurs de notre énergie.
Chaque fois que nous nous séparons d’un objet, nous nous libérons.
Nous dégageons de la bande passante énergétique et notamment émotionnelle.
Pour autant, cela ne doit, selon moi, pas être une fin en soi. Il est important que ce soit un vrai travail de conscience.
Le processus que j’ai choisi est celui-ci :
Je prends un objet et je rentre en relation avec lui. Je prends le temps de jauger ce à quoi cet objet se rattache.
S’il y a matière ou s’il y a un sujet alors je prends le temps d’en prendre conscience, de le visiter, d’honorer ce qui a été et d’en faire le deuil ou de fixer ce moment dans l’éternité de mon cœur.
L’attachement aux choses comme élément de sécurisation
Dans de nombreux cas, j’ai observé que les gens s’encombrent pour se sécuriser et pour remplir des vides affectifs, émotionnels, existentiels…
Parfois, il s’agit d’autre chose… notamment, pour les surdouants.
Ces passionnées éphémères en série accumulent ainsi les vestiges de leurs passions « qui pourraient se réactiver » Or, ne serait-il pas dommage de ne plus avoir le matieriel nécessaire pour s’adonner à un retour de passion à un moment inattendu.
C’est aussi, pour chacun.e de nous le résultat du « ça pourrait servir » ou du « on ne sait jamais ».
L’attachement aux choses comme contournement du deuil
Je suis particulièrement consciente que les objets que nous gardons de nos défunts est souvent une manière de les garder près de nous.
Et ainsi donc, parfois, de contourner le deuil.
Cela est particulièrement flagrant quand l’objet revêt une importance démesurée.
La moindre mésaventure qui pourrait advenir à cet objet devient alors un drame comme si c’était la personne/souvenir/période/… de l’autre coté du souvenir qui l’avait subit.
Et cela, quant bien même l’objet n’a aucune valeur factuelle.
Bref, il serait bon que nous nous questionnons sur notre rapport aux choses.
Je vous y invite d’ailleurs fortement.
Et pour vous ? quel est l’objet qui a le plus de valeur ?
Répondez en commentaire 😉
Je vous souhaite le meilleur.
Bien à vous,
Lætitia
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