Cet article fait suite à Je me juge, tu te juges, nous nous jugeons, ils nous jugent.
Le départ de ce processus est bien évidemment de prendre conscience que nous utilisons le jugement de Soi et de l’autre comme une stratégie “normale” de fonctionnement.
Cette stratégie est liée à un cadre de référence dual. C’est à dire qui repose sur la dualité. Les choses sont soit blanches, soit noires, soit bonnes, soit mauvaises, soit grandes, soit petites… votre version du monde est alors faite d’opposés qui s’attirent ou se repoussent.
Un premier pallier de changement est alors de se rendre compte qu’entre le noir et le blanc, il y a toute une palette de gris. Il semblerait qu’il y ait au moins 50 nuances de gris.
Un autre pallier pourrait être de tendre à voir plutôt le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide. Cela vous apportera davantage d’optimisme et de joie.
Une autre étape est de chercher à vivre dans le non-jugement par le factuel
Etre factuel, c’est : dire les choses telles que nos sens nous les transmettent : sans interprétation, sans jugement. Ce sont nos perceptions sensorielles (cf. VAKOG ou comment fonctionne mon système sensoriel ?)
Par exemple : “Tu me gonfles quand tu jettes mes chaussures. Tu vas voir ce que ça va te faire quand je vais faire pareil avec les tiennes.“. devient “Quand je te vois jeter mes chaussures neuves de cette façon dans le placard, cela ne met en colère car je viens à peine de me les acheter et c’est important pour moi que nous en prenions soin.“
Dans la première phrase : “Tu me gonfles quand tu jettes mes chaussures. Tu vas voir ce que ça va te faire quand je vais faire pareil avec les tiennes.”
Le “tu” attaque l’autre et la suite de la phrase le menace purement et simplement. Résultat des courses : les deux individus risquent de se retrouver dans un état de colère commun. Un état appelé “Crash”
C : Contracté (tendu, plein de tensions)
R : Réactif (décide et agir sous l’émotion, en pensant court terme plutôt qu’à long terme)
A : Analyse paralysie (en jugeant ce qu’il se passe)
S : Séparé du reste du monde (centré sur l’égo)
H : Heurté (d’un point de vue ego et individualité)
Dans la seconde : “Quand je te vois jeter mes chaussures neuves de cette façon dans le placard, cela ne met en colère car je viens à peine de me les acheter et c’est important pour moi que nous en prenions soin.“
La première partie est factuelle : Je te vois les jeter dans la placard. La seconde partie parle de ce que je ressens face à cette perception. Ensuite, j’indique ce qui est important pour moi. Et je pourrais y ajouter une proposition collaborative d’amélioration “Est-ce que tu serais d’accord pour m’aider à en prendre soin ?”
Dans cette seconde version le “Je” est mis à l’honneur. Je parle de ce que je sais, voir, ressens. Tout ce qui appartient à l’autre n’est qu’une interprétation qui passe par nos filtres et donc potentiellement par un jugement. La proposition finale, elle, inclus “je” et “toi”. C’est une proposition, pas une obligation. Elle doit ouvrir sur une réponse de l’autre qui prend alors un engagement ou en cas de refus, je pourrai proposer “Que souhaites-tu proposer qui te conviendrait davantage et qui soit respectueux pour moi ?“
L’idée est de travailler sur l’ouverture en utilisant une communication bienveillante.
La mise en place de ce mode d’échanges est parfois compliqué au départ. C’est une gymnastique, un effort à faire pour aller au-delà de nos habitudes.
Si vous souhaitez vous engager dans cette démarche, soyez bienveillant(e) et indulgent(e) envers vous-même.
Quand, dans le flux des échanges ou de la vie, vous n’y êtes pas arrivé, ce n’est pas grave. En prendre conscience est la première étape. Etre conscient de ce qui sort de notre bouche est déjà un grand pas. Les habitudes ont la vie dure. Mais le temps, et la constance en vient à bout.
Vous arriverez à le faire une fois, puis une autre, et encore une autre. Il faut une première goutte d’eau pour faire une rivière. Les bénéfices que vous trouverez dans la qualité de vos échanges relationnels vous aideront à continuer à vous investir dans cette démarche.
La clé pour mettre en place des échanges bienveillants est de générer, pour soi, un état Coach :
C : centré (en se concentrant sur votre point d’équilibre, dans votre ventre, ce qui est aussi appelé hara ou barycentre. Les pieds bien ancrés dans le sol. Vous êtes stable.)
O : ouvert (le coeur grand ouvert, ce qui peut se traduire par un posture poitrine ouverte, épaules en arrière)
A : alerte (attentif à votre environnement, à ce qui se déroule devant vous. Cela inclus la communication non-verbale)
C : connecté (en étant le plus présent possible ici et maintenant)
H : hospitalier (accueillir les éléments, les situations, tels qu’ils sont)
Vos échanges en seront de bien meilleure qualité. N’oubliez pas d’accueillir les faits en les remettant dans le contexte. Il ne s’agit pas d’interpréter, ni de vous justifier. Prenez ce qui vous est offert par l’autre comme un cadeau qui vous aidera à grandir et à vous améliorer. Il n’est recherché ni jugement, ni coupable, juste une piste pour améliorer les choses.
Cette méthode est à tester. Merci de me faire par de vos expériences et retours en postant un commentaire.
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