Les visages de la manipulation et le machiavélisme

Entre manipulation et discernement, il existe une zone grise. C’est là que l’on croise les plus fins stratèges portant un parfum discret de machiavélisme en prévention d’un potentiel chaos relationnel.

La manipulation n’est pas toujours facile à nommer ni à admettre. Elle ne se présente pas forcément sous les traits grossiers d’une intention malveillante.
Le plus souvent, elle se ressent avant de se comprendre. Se manifestant sous la forme d’une impression diffuse. Un léger malaise. Un inconfort indescriptible. Une gêne inexplicable. Quelque chose qui se décale, sans que l’on sache immédiatement pourquoi. Et qu’on aurait tendance à choisir d’ignorer.

Mais si la manipulation de l’autre est perçue clairement, dès lors, un rejet viscéral de la personne s’active. Et notre meilleure stratégie de préservation s’enclenche.
Or, cela, ce n’est que lorsque nous parvenons à reconnaître les signaux. Les signent qui témoignent qu’une manipulation est en cours sont souvent discrets. Trop discrets.
Ils se nichent parfois dans un ton, une manière de dire, un silence prolongé, une logique qui ne nous appartient pas tout à fait. Ou quasiment imperceptibles : dans une intention intérieure.

La manipulation, une connaissance que l’on côtoie au quotidien

Femme manipulatrice et machiavélique à la posture assumée

La vérité est que ce que nous appelons manipulation se glisse dans les interstices du quotidien.
Elle n’a rien de spectaculaire.
Elle se loge dans ces ajustements relationnels que l’on accepte presque malgré soi.
– Un pas de côté pour éviter une tension.
– Une concession de trop pour maintenir l’harmonie.
– Une information tue pour ne pas déranger l’équilibre apparent.
– Un donner pour obtenir un recevoir calculé d’avance
– Une acceptation de l’injuste pour être aimé.e

Bref, dans tous ces compromis qui n’ont rien à voir avec des conciliations.

Qu’est-ce qui est le plus gênant dans la manipulation ?

Si nous prenons le temps d’y réfléchir honnêtement, ce n’est généralement pas tant l’acte qui trouble.
Ce qui nous perturbe, c’est l’histoire que nous nous racontons tout autour.
C’est le sentiment de ne plus être pleinement libre intérieurement. Comme si quelque chose se jouait sans nous, ou à travers nous. On s’est joué de nous et nous n’avons rien vu !
En réponse, nous sommes décontenancé.e.s comme si d’avoir été manipulé.e.s nous avions perdu de notre essence, de notre souveraineté, de notre puissance.
Et ce sentiment, lui, réveille parfois des mémoires anciennes : La peur d’être déplacé.e, utilisé.e, ou de perdre sa juste place, ce qui nous revient de fait.

Alors nous rejetons l’idée de manipulation. Parfois fermement. Parfois avec excès. Non par hostilité, mais par instinct. Ce rejet, pourtant, mérite d’être écouté avec plus de finesse. Car il parle rarement uniquement de l’autre. Il parle aussi et surtout de ce que cela vient toucher en nous.

C’est à cet endroit précis que le regard peut changer.
Lorsque l’on cesse de réduire la manipulation à une faute morale pour la considérer comme un phénomène humain, ancien, observé, décrit, pensé. Certains s’y sont risqués sans fard, préférant la lucidité au confort des illusions. Le bien connu Machiavel fut de ceux-là.

Machiavel n'avait rien d'un manipulateur machiavélique


Machiavel n’avait finalement rien d’un manipulateur machiavélique

Machiavel n’était sans doute pas l’homme le plus invité aux dîners mondains.
Il avait cette fâcheuse habitude de dire tout haut ce que beaucoup pratiquaient tout bas.
Là où l’on préférait parler de vertu, il parlait d’intérêts.
Et, là où l’on invoquait la morale, il observait les rapports de force.
Il n’a pas inventé la manipulation, il l’a sortie du salon pour l’installer sur la table, sous la lumière.
Depuis, son nom sert souvent à désigner les méchants de service, alors qu’il fut avant tout un observateur lucide de la nature humaine, un peu trop honnête pour être confortable.

Machiavel n’a pas inventé la manipulation.

Il a osé la regarder en face. Sans la maquiller, sans la justifier, sans chercher à la rendre aimable. Il a mis en mots ce que beaucoup pressentaient déjà. Que les relations humaines ne sont pas faites que de transparence et de bonne volonté. Mais aussi de stratégies, conscientes ou non, destinées à préserver une forme de sécurité ou de pouvoir.

Avec le temps, son nom est devenu une étiquette. Et cette étiquette a glissé d’une observation des mécanismes humains vers une condamnation de la personne. C’est ainsi qu’est née la notion de machiavélisme.

À partir de là, le phénomène s’est figé. Le machiavélisme est devenu ce que l’autre est, rarement ce que nous faisons. Un miroir que l’on préfère tenir à distance.

Le pouvoir du stratège qui tire les ficelles en silence

Le machiavélisme, dans sa forme la plus courante, ne porte pas de cape noire et ne ricane pas dans l’ombre. Il se manifeste souvent chez quelqu’un de parfaitement fréquentable.
Prenons cette personne qui, en réunion, écoute attentivement tout le monde, reformule avec talent, valide chaque point… Puis, une fois la porte refermée, fait exactement ce qui sert le mieux ses intérêts.

Une personne machiavélique n'est pas nécessairement malveillante, elle est stratégique.

Rien de brutal. Rien de frontal. Juste une légère torsion de la réalité.
À la fin, personne ne sait vraiment comment la décision a basculé, mais elle a basculé.
Et étrangement, toujours dans le même sens ou presque.
C’est cela le grand Art du machiavélisme. Un grand ou fin stratège a nécessairement des traits machiavéliques.

Ce fonctionnement repose sur une logique simple et redoutablement efficace :
– Observer finement.
– Comprendre les failles, les désirs, les peurs.
– S’y adapter.

Non pas pour nuire ouvertement, mais pour orienter subtilement le jeu.
Le machiavélisme n’est pas une explosion, c’est une dérivation. Un art du détour.
Et c’est précisément ce qui le rend si dérangeant. Parce qu’il est difficile à attraper. Et encore plus difficile à reconnaître… surtout lorsqu’il commence à nous ressembler un peu trop.

Le véritable point gênant avec le machiavelisme

C’est lorsqu’on identifie régulièrement des personnes machiavéliques autour de soi.
Car, comme je le dis souvent, le point commun entre toutes ces situations et relation, c’est nous. Or, aucune relation ne se tisse par hasard. Ainsi, si des personnalités machiavéliques reviennent régulièrement dans notre vie, la question mérite d’être retournée.

reconnaitre que nous portons tou.te.s la marque du machiavélisme

Et si cette confrontation répétée était une invitation ?
Une invitation à reconnaître que nous aussi, à certains moments, savons influencer, contourner, contrôler. Non pas par malveillance, mais par peur. Peur de perdre une relation, une place, une sécurité, de l’affection, de l’attention… La personne machiavélique manipule souvent sans même s’en rendre compte.

Reconnaître cette part ne nous rend pas dangereux.ses. Cela nous rend plus responsables. Et surtout, elle nous libère de la nécessité de la rencontrer sans cesse à l’extérieur.

Et si la récurrence de la confrontation machiavélique avait un sens ?

Réfléchissons à cela : rien n’a lieu par hasard. Si la vie amène à nous ces personnalités particulières et que nous attirons vers nous leurs comportements machiavéliques, n’est-ce pas précisément parce que nous refusons de reconnaître cette part en nous ?

Cette part de nous qui est une de nos nombreuses facettes. Une facette de nous, non pas caricaturale, ni manipulatrice et cynique, mais une part plus subtile.
Celle qui évite de dire clairement, qui contourne plutôt que d’affronter. Cette part qui contrôle pour ne pas dépendre. Celle qui ajuste son discours pour préserver une image, un avantage, une sécurité.

Reconnaître que nous aussi, à certains moments, pouvons être stratèges, calculateurs/trices, ou indirect.e.s, souvent sans en avoir pleinement conscience, n’est pas une condamnation morale. C’est un acte de lucidité. Et surtout, un acte de libération.

Reconnaitre notre propre machiavélisme est libérateur

Reconnaitre notre part machiavélique

Car tant que cette part de nous reste dans l’ombre, elle cherche à se donner à voir à l’extérieur. Elle prend alors le visage de l’autre. De celui ou celle qui manipule, qui tire les ficelles, qui semble toujours avoir un coup d’avance. Comme si la vie insistait, encore et encore, jusqu’à ce que le message soit entendu.

À l’inverse, lorsque nous acceptons de regarder honnêtement nos propres stratégies défensives, sans nous flageller ni nous justifier, quelque chose se désamorce.
L’expérience cesse de se répéter.
Non parce que le monde devient soudain peuplé de personnes parfaitement transparentes, mais parce que nous n’avons plus besoin que l’ombre se manifeste à l’extérieur pour exister.

Reconnaître notre part machiavélique, c’est reprendre la responsabilité de notre pouvoir intérieur. Et paradoxalement, c’est souvent ce qui nous rend enfin libres de ne plus en faire usage à notre insu.
Le machiavélisme peut alors être vu et reconnu pour ce qu’il est : pas nécessairement porteur de narcissisme ou de psychopathie. Mais comme le fruit d’une adaptation précoce. Bien aspecté, il offre une capacité d’anticipation saine, un sens politique relationnel, du discernement, une intelligence contextuelle… et la capacité de collecter des signes presque imperceptibles et de mieux réagir dans des environnements et situations imprévisibles.

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