Accepter de renoncer et laisser aller

Pour certain.e.s, renoncer et laisser aller est chose facile. Car alors, il leur suffit de se laisser aller à leur propre nature.
Abandonner est à leur habitude car être constant.e et persister dans une voie est trop couteux et complexe.
Nous appelons cela communément de l’inconstance.
Personnellement, j’associerais cela aussi assez naturellement à un manque de consistance.
Mais quand nous vivons au contraire la difficulté à lâcher, lorsque notre nature tend à vouloir continuer, être tenace, persister avec discipline…
Il est bien complexe d’accepter de renoncer et de laisser aller ce que nous avions prévu et projeté.

Je peux vous en parler en prenant mon propre exemple et ainsi faire témoignage

Il y a quelques années de cela, je vous indiquais dans un article que selon moi, l’échec advient lorsque nous arrêtons d’essayer.
Vous comprendrez donc aisément et très justement, qu’à l’origine, dans mon for intérieur accepter de renoncer et laisser aller revient à choisir de reconnaitre un échec.
Ce qui peut assez facilement créer une réaction, une friction, une impossibilité à emprunter ce chemin. Mais, ça, c’était avant 😉

Les années passant, j’ai appris à regardé cela différemment.
Parfois, l’échec n’est pas de renoncer ou d’arrêter de persister. Cela peut-être vrai aussi.
Dans certains cas, c’est de persister dans nos erreurs qui nous met en échec mais un échec bien plus violent, brutal et parfois irréversible. Ce type d’échec nous brise et nous dévaste laissant un chaos où rien ne semble pouvoir être reconstruit.

Mais bien pire que cela aurait été de n’avoir rien essayé, rien tenté, rien nourri ni regardé.

Si accepter l’échec et laisser aller était un jeu

Faire le lien avec le jeux d’échec me semble assez naturel. Je vais me prêter à l’exercice même si je suis plutôt néophyte en la matière.
Si je devais prendre un exemple, je dirai que parfois, il faut être capable d’être mis.e en échec pour éviter de persister dans une stratégie de défense qui nous mènerait irrémédiablement vers l’échec et mat.

Dans certains cas, il convient au contraire de choisir de sacrifier une pièce importante pour pouvoir gagner la partie.

Tout n’est pas qu’une question de stratégie.
Il s’agit de vision, d’acceptation, de renoncement… et se permettre de voir ce qui est réellement en train de se jouer au-delà du coup en cours.
Ce dernier pourrait facilement s’accaparer toute notre attention.
Nous empêchant de voir à plus long terme ou à plus grande échelle.

Ainsi, il se peut qu’un de mes poins soit attaqué et en danger.
Dans la matière et la réalité des faits, cela pourrait se manifester par un collaborateur qui est entrain de me tirer dans les pattes pour x ou y raison. Mais si je focalise toute mon attention sur lui. Si tout mon esprit et mon énergie sont orientés à trouver des parades pour contrer et se défendre face à l’attaque. Il se peut bien que j’en vienne, sans m’en rendre compte à perdre ma reine.

Mais comme mon regard était orienté ailleurs, je ne l’ai pas vu venir.
L’adversaire, en me faisant croire qu’il attaquait mon entreprise m’a fait regarder à cet endroit. Là où il m’a amené.e à me focaliser.
Alors que lui s’adonnait à m’attaquer plus sévèrement dans un autre espace où j’avais arrêté de porter mon regard.
Or, pendant tout ce temps, il entretenait une distraction qu’il avait créée. Je m’y suis laissé.e prendre puis j’ai perdu.
Son passe-passe lui a laissé champs libre car alors j’étais orienté.e sur un autre point de vue de la réalité.

J’ai cru, à tord, que ses mouvements avaient pour but d’attaquer mon pion.
Alors qu’en réalité, son fou et son cavalier étaient en train d’approcher ma reine.
Ne voyant pas leur manoeuvre de percée telle qu’elle était, je me suis appliqué à déjouer ce que je pensais être une offensive qui visant mon pion.

C’est ainsi que pendant que je m’occupais d’un fait de peu de valeur, sauf pour mon ego, j’ai perdu ma femme. Je me retrouve ainsi en phase de divorce.
Alors certes, ce collaborateur a pu être viré. Mais en contre-partie, moi aussi d’une certaine manière.
Est-ce que cela était bien justifié ? Est-ce que cela en valait la peine ? Chacun.e aura sa propre réponse.

Savoir quand renoncer demande du discernement

La plupart du temps, c’est le même élément qui nous fait continuer à persister lorsqu’il est l’heure de passer à autre chose. Cet élément n’est autre que l’ego mais fortement soutenu par notre mental.

Pourquoi ?
Parce qu’à partir du moment où le mental et l’ego ont créé une imagerie du potentiel que pourrait être un projet, ensemble, ils le nourrissent.
Plus ils le nourrissent et plus il se densifie et devient palpable, presque réel.
Alors quand le résultat devient la presque concrétisation d’un idéal que nous avons l’impression de déjà toucher, déjà goûter,… il est bien complexe d’y renoncer. Ici, ce qui se joue, c’est notre volonté.

Il ne se joue plus la réalité. Ce qui se joue réellement c’est la Force de ma Volonté face à son adversaire que devient de façon erronée la réalité des faits et de la matière.
Ce combat est absolument absurde et totalement vain. En réalité, nous avons déjà perdu avant de commencer. Mais nous ne sommes pas en mesure de le percevoir. Car ce n’est pas cela que nous voyons.

Ce que nous voyons c’est un choix entre matérialiser notre rêve qui est juste là, ou accepter de le perdre et être le témoin de sa dissolution. Alors même que la seule chose qui nous tenir à coeur étant de le voir se coaguler, se densifie, devenir pleinement matière et embrasser la réalité.

Sauf que cela, c’est ce que nous voulons bien voir.
C’est l’histoire que nous nous racontons.
Car si nous faisions preuve de discernement, il nous serait possible de voir que nous n’en sommes plus là.
La possibilité première n’existe plus.

Le plus grand piège auquel nous sommes confronté.e.s, ce sont les forces contraires.

Celles qui nous ont vendu que si je veux très fort quelque chose et que je le nourris, je vais l’avoir. La promesse que me vend le développement personnel et tout un tas de pratiques mentales est que si je fais ce qu’il faut, ça ne peut que fonctionner.
Sauf que cela ne se passe pas vraiment comme cela.

Le secret c’est que ce qui a été présenté comme un secret est un mensonge.
Il est le secret de comment créer de la frustration, comment amener l’humain à se dévaloriser tout en gonflant son ego et parfois même à le rendre fou.

Non, je n’exagère pas. Dans le cas de personnes qui ont de fragilités psychiques ou des déséquilibres en lien avec la distorsion, la dissociation,… faire la différence entre la réalité et la projection peut rapidement devenir impossible.
Ce qui les fait sombrer dans la folie. Une folie issue de l’impossibilité de concilier la projection, c’est-à-dire la construction issue du mental et la réalité.

Accepter de renoncer est un processus de deuil

Oui, un deuil. C’est l’acceptation de reconnaitre qu’un projet, une aventure, une réalité est morte et qu’il faut la laisser partir. Il est incontournable de la laisser s’en aller pour la libérer et surtout nous en libérer.

Ici, il est question de notre rapport à la mort.
La mort est une fin. Une fin qui ouvre sur une autre réalité.

Si nous n’acceptons pas de laisser aller, si nous nous affairons à retenir ce que nous voulons qui soit, alors nous allons nous épuiser. Le risque étant de finir par sombrer dans l’épuisement, un état dépressif et la dépression. Le degré dépendant de la nature de chacun, du temps de résistance et du coût lié à la résistance. Entendez ce que coute énergiquement de chercher à maintenir près de soi ce qui tend à vouloir partir.

Ce dernier point n’est pas toujours évident à comprendre.
Je peux en parler car je l’observe dans différentes configurations et à différents niveaux.
Si vous ne comprenez pas, cela n’a pas d’importance.

L’essentiel est de comprendre que tout à un début et une fin.
Ou plutôt, il y a un moment où :

  • Deux éléments (ou plus) se rencontrent
  • L’Union temporaire ou durable a lieu
  • La fécondation advient
  • Un temps de gestation fait son oeuvre
  • une naissance ou pas arrive
  • une évolution-vie qui dure un temps donné se déroule
  • parfois un temps de dégradation se met en place
  • une fin est rencontrée
  • se poursuit une désagrégation
  • compostage vient fertiliser le champ en vue du soutien d’un nouveau cycle

La vie est ainsi faite. Ce qui est vivant n’est pas linéaire. La Vie est nécessairement un mouvement. Elle est changement perpétuel. Et c’est ok.
En tout cas, il nous est nécessaire d’intégrer et accepter que c’est ok et que c’est le propre de la vie.
Sinon, nous essayons de nous maintenir dans une illusion perpétuelle. Et pire encore, parfois nous sommes assez fous pour croire que nous pouvons y confiner la vie !

Laisser aller est probablement le plus complexe

Accepter de laisser aller, oser laisser aller peut être extrêmement difficile.
Cette complexité est proportionnelle à notre force et notre volonté intérieure, mais aussi à notre besoin de contrôle et de maitrise.

Or, c’est un de plus grand dam de l’humain : accepter qu’il n’est pas tout puissant et qu’il doit se soumettre à plus grand que lui. C’est un apprentissage difficile, impossible presque pour certain.e.s.
Pourtant, la Nature ne cesse de lui rappeler.
Les tornades, les tremblements de terre, les inondations, les tsunami… tout cela n’est qu’un rappel. La manifestation de la régulation.

Plus nous voulons plier l’Univers à notre volonté et plus le retour de poussée est violent et souffrant.
C’est comme tirer un élastique en arrière. Lorsqu’il nous échappe, et il nous échappera inévitablement, ne nous leurrons pas, il part d’autant plus fort en sens inverse avant de reprendre sa juste place.

Chaque chose doit être à sa place.
Le seul élément qui interfère avec cela, c’est l’humain en refusant de laisser faire et de lâcher prise. En lâchant prise nous laissons aller chaque chose et naturellement, chaque élément reprend sa juste place.

Alors, qu’est-ce qui vous entrave encore ?
Qu’est-ce que vous n’acceptez pas encore ?
Quel élément ne laissez-vous pas aller ?
Est-ce que vous avez encore un doute sur le bien fondé d’arrêter de persévérer ?

Je ne prétends pas détenir la vérité, mais si le coeur vous en dit, nous pouvons investiguer cela ensemble.
Ainsi, nous pourrons observer ensemble ce que nous dit la Vie à propos de cela.
Vous êtes partant.e ? Réserver un rendez-vous 😉

2 réflexions au sujet de “Accepter de renoncer et laisser aller”

  1. Dans un projet tenu avec certainement de la ténacité pour la publication, écrire un livre avec tous les sujets évoqués et développés au fur et à mesure du temps serait une idée à germer non ? là, le lâcher prise après toutes ces années de recherche, pourrait prendre tout son sens et le résultat représenter déjà peut-etre
    même de beaux volumes

    Répondre
    • Merci pour cette suggestion et partage.
      Je ne ressens pas qu’il soit juste pour moi d’écrire un livre en reprenant les articles.
      Ils sont le fruit de mon propre cheminement multiple mais nullement un parcours à reproduire ou une méthode.

      La première expérience à travers la création de “J’ai décidé d’être heureux/se” avait une justesse. La proposition est d’avoir un support de travail et de grandissement à réaliser en pratique par soi-même. Il s’agissait alors de développement personnel. Faire le pont entre la théorie et l’application pratique avait une raison d’être dans ce cadre.

      Pour le reste, les textes, témoignages, etc… qui ont été écris depuis et qui sont disponibles au travers du blog sont comme des paysages et sujets sur lesquels porter notre regard, comme lorsque nous cheminons et j’y trouve un sens.
      Chacun pouvant trouver un appel, un sens, une résonance à un moment donné avec un ou plusieurs des thèmes, sans pour autant à avoir à créer un cheminement identique imposé à tous.
      Mais l’idée aurait pu avoir un sens 😉
      Merci de l’avoir mise en lumière

      Répondre

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