L’arrogant

Ce matin en me brossant les dents, j’ai eu cette révélation fulgurante : je dois vous parler de l’arrogant.
Oui, j’avoue, je médite dans des moments un peu particuliers.
En même temps, ce sont les rares moments où je suis seule et que personne ne me sollicite.

Ce qui m’a semblé nécessaire pour que je puisse vous parler de l’arrogant de la façon la plus appropriée est de ne surtout pas me faire aider de l’IA. Car oui, je sollicite son aide parfois. Mais sur ce sujet, elle n’est pas en mesure de le faire. L’évidence étant qu’elle nourrit communément cette part de nous.

L’arrogant est un personnage vicieux et malin

On pourrait penser que l’arrogant est juste quelqu’un qui se prend pour qui il n’est pas.
Ou, comme on peut le dire un peu plus vulgairement :

« qui pète plus haut que son cul ».

J’avoue que je l’aime bien cette expression.
L’image est teintée d’humour.
J’aime imaginer la personne en train de faire cette action. MDR…

Mais l’arrogant est bien plus que cela.

Je pourrais ici vous citer quelques passages de la Bible ou d’autres livres sacrés.
Car tous parlent de cet arrogant ou de celui qui n’est qu’arrogance.
Mais, je n’en ferais rien.

Car, j’ai lu tous ces passages, et ils n’ont jamais réussi à prendre de sens profond pour moi.
C’était juste des mots, des concepts, des phrases, mais rien de concret.

Quand l’arrogant se révèle dans une fulgurance

Je trouve que la vie est incroyablement extraordinaire !
Elle est si généreuse et nous offre des cadeaux incroyablement puissants et précieux lorsqu’on s’y attend le moins.

Dans cette fulgurance, j’ai vu et j’ai su.
Et, en complément, les moments et jours qui ont suivis ont validé cela au travers des expériences que la vie m’a proposée de vivre et d’observer avec un autre oeil.

L’arrogant est souvent décrit comme un personnage qui vient pour nous tenter et nous corrompre.
Il est présenté comme extérieur à nous.
Mais la vérité est que chacun de nous le porte en lui.
Il est une part de nous que nous pouvons choisir de nourrir et d’incarner, ou de laisser en pause dans les coulisses.

Mais, ne nous leurrons pas, il viendra nous rechercher et tenter sa chance à nouveau.
Notamment dans des moments de faiblesse, d’inclinaison, de fragilité ou de déséquilibre.
Or, cela fait aussi partie de la vie.

L’arrogant est une partie de nous

L’arrogant est cette part que se vante de savoir, de connaitre, d’être une forme d’absolu.
Cette part de nous qui veut du succès, de la reconnaissance, avoir un public qui nous adule, etc…

Mais l’arrogant, lorsqu’il obtiendra ce qu’il veut nous amènera à vivre sur une pente raide : la peur de perdre cette faveur fragile et intangible, la peur d’être démarqué.e…

Il apporte aussi un autre pendant lorsqu’il se fusionne avec une de ses amies proches : l’illusion.

Alors nous commençons à croire que nous ne sommes pas comme les autres, que nous faisons partie d’une sorte d’élite ou de race supérieure.
Or, bien que l’histoire nous ai montré à plusieurs reprises l’ampleur du désastre que cela génère, nous pouvons facilement nous laisser séduire.
Comme d’autres l’ont été avant nous.
A croire que l’humanité n’apprend pas de ses erreurs et les rejoue inexorablement.

Quand je dis nous, je parle évidemment de l’humain que nous sommes.

L’arrogant nous fait oublier qui nous sommes vraiment

Il est facile de reconnaitre l’arrogant, car il a une manière bien spécifique de parler.
Cela s’entend dans le ton qu’il emploie, souvent.
Mais pas toujours.
D’ailleurs, en vérité, le ton ici est davantage une expression de l’orgueil, son proche cousin.

L’arrogance se voit dans sa manière de parler.
Lorsque l’arrogant parle, il ne parle pas à son interlocuteur.

Energétiquement , il offre sa parole à une part intérieure de lui.
Il se parle à lui-même.
Ou plutôt, il parle à cette part arrogante de lui qui se délecte et se nourrit de l’énergie qui émane de cette attitude.
Cela la nourrit.

L’arrogance et l’orgueil

Ces deux inclinaisons de la part sombre de l’humain sont souvent confondues car très souvent, elles s’entremêlent.

L’orgueil est une posture intérieure, souvent silencieuse, qui naît d’un sentiment de supériorité personnelle.
Elle est d’ailleurs souvent une première étape pour aplanir le terrain à la suivante.
L’orgueil se manifeste souvent par une incapacité à vraiment demander de l’aide ou d’accepter de reconnaitre l’aide qui nous a été apportée.

L’arrogance, quant à elle, est une expression visible et sonore.
Elle se manifeste par des attitudes condescendantes, un ton méprisant ou à son apogée une volonté de rabaisser autrui.
Lorsque l’arrogance atteint l’apogée de son horreur, elle résonne généralement avec une blessures d’humiliation ou les vestiges bien présents et actifs d’un manque d’estime de soi camouflé.

Tandis que l’orgueilleux·se se tient à distance, persuadé·e de valoir mieux, l’arrogant·e cherche à le faire sentir.
Ainsi, l’orgueil juge sans toujours s’exprimer, là où l’arrogance s’impose bruyamment.

Attention toutefois à ne pas confondre arrogance et prestance

Il pourrait être rapide et mal avisé de confondre le silence et la posture « froide » d’une personne avec de l’arrogance. Or, comme dit précédemment, l’arrogance se révèle dans la parole.

La prestance et la timidité se rencontrent dans le silence.
La première sera visible dans la posture du corps : une personne droite mais pas rigide. Et lorsque la personne s’exprime, les mots sont mesurés et pleins de sens. Le flot peut être succinct ou prolixe.
La seconde quant à elle se verra dans le repli sur soi et une difficulté à articuler sa pensée, dans des mots retenus ou rattrapés au vol.

Comment se préserver de notre propre arrogance ?

Pour nous préserver de l’arrogant que nous portons intérieurement, il est nécessaire de s’engager sur un chemin d’humilité véritable.
Il ne s’agit pas de s’humilier soi-même, ce qui serait vain et destructeur.

Il s’agit d’embrasser l’humilité de celui ou celle qui se connaît en vérité et d’acquérir de la sagesse.
Cette sagesse immense qui nous amène à de prendre conscience de notre petitesse dans l’ordre du grand Tout.
Ainsi, nous possédons un remède précieux qui préserve de l’enflure de l’ego.

L’arrogance intérieure naît souvent de la peur de n’être rien.
Alors, le moi se gonflepour être un peu plus que de vérité.
Ou en toutt cas plus que ce qu’il perçoit de lui-même.
Mais rapidement il en veut encore plus.
Il se veut être meilleur et finit par le croire.

Il s’accroche alors désespérément à ses savoirs, à ses vertus, à ses titres, à ses efforts… à grande peur de les perdre car il les sait illusoires et fragiles.
Cela serait synonyme de perdition car il verrait alors son illusion fondre comme neige au soleil.

Lorsque l’humain se laisse prendre dans cet engrenage, il oublie la Source.
Et donc la seule voie de réalisation, la seule source infinies de toutes les ressources durables et éternelles.

Chacun voit la voie qui fait sortir de l’arrogance différemment

Les sages enseignent que tout don est prêté, toute grâce est passagère, tout mérite est relatif.

L’alchimiste, dans son œuvre, passe par la nigredo, cette phase noire où le moi est dissous, afin de renaître transfiguré. L’orgueil y meurt, non dans la honte, mais dans une humilité lumineuse.

Le mystique ne cherche pas à briller, mais à s’unir à ce qui le dépasse. Il devient un canal, un calice, un instrument. Comme le disait Saint François d’Assise :

« Ce que je suis devant Dieu est tout ce que je suis, rien de plus. »

Se préserver de l’arrogant implique de se rappeler que nous sommes au service du vivant, de la vérité, de l’amour, de la vie. Cela consiste à choisir d’écouter au lieu de prouver.
C’est honorer les autres au lieu de se comparer. Et aussi reconnaître que la lumière qui nous traverse n’est pas notre propriété, mais un feu sacré que nous avons la grâce de porter sans jamais le posséder.

Je vous souhaite le meilleur et bien plus encore.

Lætitia