Je sais que je ne sais rien

Cette parole de Socrate rapportée par Platon peut être le départ d’une multitude de discussions.
Je sais que je ne sais rien résume, à mon sens la petitesse de tout ce que nous pouvons savoir par rapport à tout le savoir disponible dans l’univers et au-delà.

A travers cet article, je nous propose d’envisager comment intégrer ce positionnement, en tant qu’accompagnant et ainsi améliorer notre pratique.

Je sais que je ne sais rien comme accès à la sagesse

La sagesse qui se rattache à cette affirmation tend à nous inviter à rester humble, discret.e et vigilant.e mais bien présent.e et à l’écoute. Plutôt que de tenir la place au devant de la scène. Cette posture de non-connaissant invite l’accompagnant à accepter de s’effacer pour laisser pleinement la place à la personne accompagnée.

Alors certes, cette proposition et ce positionnement, vont totalement à contre-courant des tendances que nous pouvons observer de nos jours. Ici, pas e place pour le personal branding qui nous invite à mettre en avant tout ce qui peut l’être et de le présenter en pratiquant le storytelling.

Dans un espace d’accompagnement, si nous choisissons de l’initier en nous effaçant pour laisser l’autre investir l’espace. Alors, nous pourrons lui offrir les conditions opportunes pour cela.
Le positionnement qui revient à poser un je sais que je ne sais rien avant de démarrer, est totalement en accord et résonance avec l’intention de créer cet espace d’accueil, d’expression et d’acceptation de ce que vit l’être accompagné tel qu’il le vit au moment présent. Nous nous effaçons donc pour pouvoir accueillir ce qui est vivant ou conté selon les cas.

Cela appelle à la bienveillance, au non-jugement et nous permet d’ouvrir une écoute sincère et attentive.

Savoir créer un espace adéquate en prenant le juste positionnement

Pour illustrer et argumenter mon propos, je vais prendre l’exemple du métier de coach.
Même s’il est devenu de plus en plus courant d’en rencontrer l’appellation. Le coaching est un métier qui n’est plus méconnu désormais. Pour autant, il est toujours aussi mal connu ou mal compris. C’est triste mais c’est ainsi. Disons que la vulgarisation a fait son oeuvre. Et le terme a perdu de son essence.

Le coaching permet d’accéder à un merveilleux potentiel lorsque le déploiement est conforme à l’origine de ce qu’est le coaching. Mais, pour cela, il est souvent nécessaire de rappeler que le rôle du coach n’est ni de donner des conseils ni d’offrir de la formation ni d’attendre de lui qu’il réponde à des questions.

Le conseil est donné par des conseillers ou des mentors, la formation par des formateurs… et c’est au coaché de trouver sa réponse. Le coach pouvant l’y accompagner par des questionnements.
Il est important de ne pas inverser les rôles.

Mais il en est de même pour beaucoup de métier de l’accompagnement qui ont été vidés de leur essence à cause de différents facteurs dont le but étaient de répondre à des demandes de marketing, de vulgarisation, de corruption, … bref pour le business.

Je sais que je ne sais rien un avantage considérable dans un accompagnement de coaching

Je continue à vous parler en prenant pour exemple le métier de coach, mais cela fonctionne aussi pour les thérapeutes et autres métiers de l’accompagnement de l’humain.

Une fois l’espace adéquate ouvert, le rôle du coach est d’accompagner principalement par le biais de questionnements. Un bon coach, selon moi, aime les énigmes, les découvertes et être surpris. Le but du jeu est de trouver le pot aux roses. Qui peut se cacher derrière un poteau rose qui le rendait invisible à la perception. Cela est vrai en phase de découverte, durant la définition de l’objectif et tout au long de l’accompagnement.

L’accompagné est un nouvel univers à découvrir au sein duquel existent des règles et des modes de fonctionnement spécifiques. Souvent, un accompagnement raté s’initie parce que nous pensons avoir identifié un élément qui répond à un processus théorique et nous croyons savoir quel est le problème et donc la solution. Nous prenons alors une position de sachant. Et, nous nous limitons à mettre en application notre savoir théorique.

Il est alors fort probable que nous nous arrêtions au poteau rose sans chercher à aller plus loin et nous ne pourrons pas, alors, découvrir le pot aux roses caché juste derrière.

Si je crois savoir, en regardant au mauvais endroit, je risque de percuter un poteau sans le voir venir.

La faute à mon système de croyances. Ce que je crois savoir va me couper de toute une partie de ce que nous pourrions découvrir de notre sujet mystère. Ce dernier étant la personne accompagnée. Mais il s’agit aussi de nous ouvrir à la découverte de son univers et des lois qui le régissent et mettent en mouvement les éléments qui y co-existent.

Nous ne pourrons donc pas accéder à sa réalité. Nous nous limiterons à vouloir apposer notre réalité et la faire correspondre à la sienne. Quitte à le faire aux forceps tant que cela coïncide et nous permet d’y retrouver les repères de notre grille de lecture. Or, c’est un non-sens car il s’agit de la nôtre et elle n’a rien à y faire. De fait, elle découle de notre réalité, pas de la sienne.

De notre réalité, nous ne connaissons que ce que nous en avons expérimenté. Ce que nous avons déjà rencontré et aussi de ce que nous ne savons que théoriquement mais que nous ne connaissons pas.
Cela, c’est notre histoire et notre expérience. Néanmoins, cela n’a rien à faire dans son espace. Notre démarche de je sais que je ne sais rien est justement de pouvoir la découverte de son univers et de sa réalité.

Accepter de prendre une position d’explorateur-novice plutôt que celle d’un chercheur-savant est alors, me semble-t-il être un point de départ ajusté. Cela n’est pas inné mais ça se travaille et peut s’ancrer pour devenir une habitude au fil du temps.

Le coach doit ancré profondément qu’il sait qu’il ne sait rien

En tant que superviseur, je le constate régulièrement. Dès qu’un coach croit savoir, croit connaitre [la solution au problème de son client par exemple].
La chute n’est pas loin. Il n’est qu’à un pas de se prendre les pieds dans le tapis. Souvent, c’est déjà perdu. Il en est de même, lorsque se met en place sans rien présager, avec de bonnes intentions et en silence, une prise de pouvoir. Nous en reparlerons 😉

Je sais que je ne sais rien mais j’expérimente à chaque instant qui je suis.

Pour conclure, vouloir accumuler du savoir est un non-sens à qui souhaite devenir meilleur ou se perfectionner. Car savoir (s-avoir) n’est pas être. Nous ne sommes pas ce que nous savons.
Nous découvrons constamment la multitude infinie des facettes de qui nous sommes. Cela ne se fait pas par le savoir mais par l’expérimentation qui est une source infinie d’apprentissage.

Au travers de ces expériences qui sont celles que je vis, j’apprends à retirer les couches d’oignon de ce que je ne suis pas. Et à laisser tomber les étiquettes au travers desquelles nous avons cherché à me définir pour me faire rentrer dans une petite boite théorique bien pratique pour la compréhension.

Mais comme nous vivons en pratique et pas en théorie, il est urgent d’arrêter de vouloir faire rentrer le vivant dans des petites boites. Car les petites boites et les savoirs-théoriques ça permet aux IA de nous faire croire qu’elles vont pouvoir nous remplacer.
Or c’est faux… l’IA ne peut appliquer que du théorique… Il serait vital alors que nous en sortions ne croyez-vous pas ?

Pour cela, il nous faudra commencer par arrêter de croire que l’on sait et apprendre à découvrir ou redécouvrir la vie à chaque instant. Avec la curiosité de la surprise cachée dans ce que nous expérimenterons aujourd’hui. Plutôt que de se raconter qu’on sait déjà tout. Car dans ce contexte, on se coupe de toute possibilité de s’ouvrir à une joyeuse surprise.

Chaque jour, je me réjouis car, quoi qu’il arrive, on est pas à l’abri d’un coup de bol 😉

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