Réussir sa vie en 10 leçons

Cet article, a été initialement été écrit par mes soins en juin 2015. 4 ans ont passés et la notion de comment réussir sa vie est inchangée.

Années après années, nous continuons à aborder les mêmes thèmes et les individus sont toujours en quête de réponses et sources de réflexion.

Alors certes les questionnements demeurent identiques. Néanmoins, mes réponses ont beaucoup évolué, elles. Je vous propose donc une mise à jour en conscience. J’ai choisi de garder la même trame, néanmoins je vous propose un contenu upgradé.

Comme l’article est très long, et que des notions très importantes y sont abordées, je le scinde en deux. La deuxième partie vous sera publiée la semaine prochaine (vous le trouverez ici : Pour réussir ta vie, connais-toi toi-même).

J’aime beaucoup lire le magazine Sciences Humaines car les sujets me parlent et m’intéressent. Toutefois, aujourd’hui (20 juin 2014), la newsletter m’a suggéré l’article de Jean-francois Dortier « Réussir sa vie en 10 leçons » qui date du numéro 23 (Juin – juillet – août 2011). Cet article date un peu mais reste d’actualité. Il a, par ailleurs, appelé une réponse de ma part que je vous expose ci-après. Je vous propose donc de le reprendre en fonction et dans l’ordre des points qui sont abordés. Le texte d’origine de l’article est  en bleu :

« Deviens ce que tu es », « carpe diem », « connais-toi toi-même », « accepte ce que tu ne peux changer et change ce qui peut l’être »… Les leçons de sagesse délivrées par les philosophes antiques ou les manuels de développement personnel se résument en un petit nombre de principes – toujours les mêmes – censés améliorer l’existence. Loin de converger vers un modèle unique d’existence, ces préceptes peuvent parler à tous et chacun peut en retirer un message. C’est l’une des raisons de leur succès universel. Petit tour d’horizon en dix leçons.

1- Il y a trois bonnes raisons de vivre (plus quelques autres)

Quand j’ai demandé à Franck (42 ans, célibataire) ce que voulait dire pour lui l’« art de vivre », il m’a répondu qu’il ne croyait pas au bonheur. Étant mal dans sa peau depuis l’adolescence, il se contenterait de ne plus traîner l’angoisse et l’insatisfaction permanente qui lui gâchent la vie.

Quand j’ai demandé à Sarah, 23 ans, ce qu’elle pensait du bonheur, elle m’a répondu que son rêve était de trouver un emploi où elle pourrait s’épanouir, gagner un bon salaire et partir vivre à l’étranger : c’est son « rêve américain ».

Karim, 29 ans, a eu une jeunesse déglinguée. Il a connu l’échec scolaire, les petits boulots, la délinquance. Après ce début de vie turbulent, il voudrait aujourd’hui changer de vie. Récemment, il est tombé amoureux. Il voudrait maintenant se ranger, trouver un vrai travail, fonder une famille, obtenir le respect des autres et le respect de soi. Devenir « quelqu’un de bien ».

Gilles, 52 ans, cadre commercial, m’a rétorqué qu’il ne savait pas ce que l’art de vivre voulait dire. Il pense que pour lui les jeux sont faits : il a une famille à nourrir, il est débordé par son travail ; il attend maintenant la retraite.

Chacun, à sa manière, a donné une vision de l’art de vivre. Pour l’un c’est la quête de Bonheur, avec un B majuscule (comme on rêve d’un « grand Amour ») ; un autre se contenterait de supprimer sa souffrance. Pour un autre encore, vivre signifie : « accomplir quelque chose », qu’il s’agisse de réussite sociale ou familiale, de la réalisation d’un grand projet ou encore de se consacrer à sa passion. Dans tous les cas, il faut enchanter son existence. Ce peut être enfin mener une « bonne vie », c’est-à-dire une vie respectable.

Voilà donc trois horizons de vie : être heureux, se réaliser et mener une vie digne. On peut en concevoir d’autres : se mobiliser pour un idéal, se sacrifier pour les autres ou enfin mélanger un peu tout cela dans un cocktail existentiel mal assuré. C’est un peu le cas de tout le monde.

Le bonheur n’existe pas, ce n’est qu’un panneau indicateur. Et il indique plusieurs directions.

Il est clair qu’en terme d’exemple, on tape pas vraiment dans le profil de la personne qui est bien dans sa peau, sa vie et ses godasses ! Néanmoins, chaque être à une vision différente de ce qu’est le bonheur en fonction de sa carte du monde. Et c’est très bien représenté au travers des témoignages. Chacun peut définir quelles sont ces propres raisons de Vivre, il n’y en a pas de plus justes ou de plus vraies. Il n’y a que celles qui sont justes ou vraies pour l’individu concerné. De nombreux paramètres rentrent en compte, mais tous sont issues de l’expérience, de la personnalité et l’individualité de chacun 😉

Ce que vous nommez « art de vivre » est en fait vivre en accord avec nos aspirations en accord avec nos valeurs. C’est-à-dire être et vivre en accord, centré(e) et aligné(e) avec qui nous sommes pour pouvoir incarner « qui je suis ».
Tout le reste est un amas de tentatives vaines à travers lesquelles nous échouons à tous les coups avant même d’avoir commencé !

2-La sagesse a une longue histoire (mais c’est toujours la même)

L’art de vivre se définit donc par ses buts (multiples) mais aussi par ses moyens. Il comporte cette idée supplémentaire : vivre, cela s’apprend. Comme il existe un art du combat, un art culinaire, un art de la chasse, un art du jardin…, il existerait donc aussi un art de vivre. On peut apprendre à vivre : ce qui supposerait un enseignement, un apprentissage, un entraînement, une expérience, une discipline et des leçons de vie.

En Grèce, le philosophe se définissait comme un « ami de la sagesse » (d’où l’étymologie du mot : philo = ami et sophia = sagesse). Qu’est-ce que cela veut dire au juste ? L’histoire de la philosophie antique a longtemps enseigné à travers nombre de penseurs (Pythagore, Socrate, Platon, Aristote), que l’on présentait comme des théoriciens, dont le but ultime était d’atteindre la recherche de la vérité (au moyen de la raison). Les philosophes antiques étaient donc des « maîtres de vérité ». Pierre Hadot (1922-2010) a changé cette façon de voir. Cet historien des idées s’est attaché à montrer que la philosophie antique se définissait avant tout comme un art de vivre particulier. Certes le philosophe visait la connaissance de la nature et de l’âme humaine. Mais il était aussi et surtout quelqu’un qui s’employait à mener une « bonne vie » (1).

Cette bonne vie impliquait non seulement l’étude mais comprenait d’abord une certaine « éthique » qui supposait une discipline, une maîtrise de ses pensées et de ses passions : un « gouvernement de soi » dira Michel Foucault (2). 

Le philosophe antique n’est pas qu’un penseur, c’est, note l’historien Paul Veyne, une sorte de « saint laïc » (3). Il porte la barbe, ce qui le démarque des gens ordinaires, et livre ses enseignements à qui veut l’entendre. Le sage devait adopter un modèle de vie pouvant servir d’exemple à tous. Tels étaient (où aspiraient à être) les Socrate, Platon, Sénèque, Épicure, Pythagore, Marc Aurèle et bien d’autres.

Il se trouve qu’au même moment, à des milliers de kilomètres de là, se déroule un phénomène similaire en Asie. Au vie siècle av. J.‑C., au moment où la philosophie grecque prend son essor, apparaît en Asie un nouveau type d’homme : le sage. Confucius, Lao Tseu et Siddartha (le Bouddha) en sont les trois figures principales. Ils vont fonder les trois principales spiritualités d’Asie : le confucianisme, le taoïsme et le bouddhisme. Le junzi ou « homme de bien » confucéen a des traits comparables au sage stoïcien. Comme le modèle de vie taoïste est proche du style de vie d’Épicure. Le sage est dirigé par sa conscience intérieure plutôt que par ses passions ou par les conventions sociales.

L’apparition simultanée de ces maîtres de sagesse en Occident et en Orient vers le Ve siècle av. J.‑C. est une énigme historique qui n’est pas résolue. Karl Jasper a nommé « époque axiale » cette période nouvelle de l’histoire humaine (4).

On trouve des traits communs dans ces personnages et leurs sagesses : l’affirmation d’une éthique intérieure, liée à une discipline de vie, une quête spirituelle (qui va au-delà des rites et croyances communautaires). Se forger une sorte de « citadelle intérieure »selon la belle formule de P. Hadot (5). Moralité : l’art de vivre, ça se cultive. Comme les tomates.

La Sagesse est effectivement très ancienne.

J’aurais même tendance à me laisser dire que : la Sagesse existait avant l’homme. Et, je partage ce point de vue, que les sages peuvent prendre différents visages. Pourquoi vouloir qu’un sage, nécessairement un saint ou pas et qu’un philosophe n’est pas un sage à part entière ? Mais, quelle différence peut-on faire entre un sage, un saint et un philosophe ?

Le sage cultive son Savoir-Être.
Le saint a fait voeux de servitude au Divin en offrant sa foi et sa charité.
Le philosophe recherche la Vérité principalement intellectuelle.

Pour autant, il n’est pas nécessaire, à mon sens d’être l’un ou l’autre. Ce serait comme affirmer que nous ne pouvons pas être boulanger, philosophe et spirituel. Alors qu’un boulanger peut-être un érudit qui offre toute son amour en charité aux personnes qui bénéficient de son pain. Il partage aussi son savoir-faire et son savoir-faire avec eux. Et, il peut-être bien plus saint que l’évêque qui prêche dans son église de pierre avec ego.

Mais, il est clair que chacun à un sage intérieur.

Libre à chacun de le reconnaitre et de le nourrir ou pas. Puis, d’avoir la charité ou pas de partager les trésors de sagesse que l’étude de l’intériorité aura fait ressortir.

Il existe effectivement plusieurs courants de sagesse, mais chacun a ses propres spécificités et nourrit un égregore bien spécifique. Ainsi, même si le cœur du but recherché semble le même, il existe de vraies différences entre le Tao et l’épicurisme ! Il me semble essentiel de ne pas tout mélanger. Sinon, on obtient une soupe nauséabonde de n’importe quoi. Les petits détails ont de grandes importances. Certaines nuances peuvent transformer quelque chose d’anodin en quelque chose de grave tout comme elle peuvent transformer quelque chose qui semble insurmontable en broutille. C’est la nuance, le détail, la mesure qui va permettre de sublimer un élément impur en un potentiel de pureté.

3- Vie active ou vie contemplative ? (il ne faut pas choisir)

Dans Condition de l’homme moderne (1961), Hannah Arendt distingue deux genres de vie : la vita activa et la vita contemplativa. Ce sont deux orientations de l’existence. La vie contemplative correspond à une quête du bonheur fondée sur le renoncement aux vanités que sont la richesse ou la course au succès. Pour la vita contemplativa, le vrai sens de l’existence se trouve dans ce que l’on nomme aujourd’hui le « lâcher-prise » : le fait de profiter de l’instant présent. Ce qui implique aussi un certain renoncement. Le bouddhisme avec ses quatre nobles vérités en offre la forme la plus poussée : la vie est souffrance, la souffrance est issue du désir ; supprimons donc le désir, on arrêtera de souffrir. Bref, il faut renoncer à vivre pour ne pas s’y abîmer…

La vie active (vita activa) est un modèle d’existence diamétralement opposé qui repose sur l’affirmation du désir et de l’action. Selon ce modèle de vie, le but de l’existence n’est pas la contemplation passive : vivre, c’est agir et s’accomplir. Une force vitale est en nous qui demande à s’exprimer. Elle nous pousse à agir, à se réaliser et à réaliser des choses. De ce point de vue, toute action, toute entreprise humaine suppose à la fois de la souffrance et du plaisir, l’une n’allant pas sans l’autre. L’art de vivre relève donc du manuel de combat. Friedrich Nietzsche représente le mieux cette philosophie de l’existence combative et quasi guerrière.

Le choix entre la vie active ou contemplative est un choix qui a souvent ses raisons.

Tout comme l’ensemble des choix que nous faisons à chaque instant de notre vie. Et, je partage ce positionnement qui vise à dire qu’il est bon de ne pas choisir entre les deux, mais de pratiquer les deux en même temps.

Par contre, je ne partage pas du tout les définitions de la vie active ou contemplative proposées

La vie active consiste à vivre dans le monde avec un travail, une famille, un vie sociale… Pourquoi vouloir faire rentrer de dans des désirs et de la souffrance.

La vie contemplative quant à elle est un état d’être, une manière de vivre la Vie. C’est un choix au même titre qu’on choisit (plus ou moins consciemment) de  vivre la vie dans le stress et la précipitation, dans la peur et la souffrance, dans le déni et la non-vie ou dans un état contemplatif. La vie contemplative c’est choisir d’accueillir l’émerveillement au quotidien, de reconnaitre la magie de la Vie, le Divin en toute chose… et cela et parfaitement applicable dans la vie active.

Quant à la souffrance, c’est autre chose. La souffrance advient lorsqu’on s’attache trop fortement à quelque chose d’éphémère alors que toute chose est éphémère. Mais, en effet, il est bien plus facile de ne pas être tenté lorsqu’on s’engage dans la vie en dehors du tumulte du monde « normal ».
De la même manière qu’il est difficile de rester 100% calme et attentif quand des enfants courent en criant autour de vous à plein temps alors que vous avez du mal à supporter le bruit ! Dans ces conditions, vous avouerez que l’effort à déployer pour mettre en place une vie méditative est bien différent. Or, je le sais d’expérience, on peut méditer même si les enfants sont autour, mais on médite autrement avec une autre profondeur.

4. Le mal est dans le bien (et réciproquement)

Vita contemplativa ou vita activa ? Philosophie du repos ou de l’action ? En y regardant de plus près, beaucoup des sagesses se situent à mi-chemin entre les deux. Le Bouddha, après avoir abandonné la vie de palais, avait recherché le salut dans l’ascèse la plus sévère prônée par les mystiques : cela impliquait le refus de tout plaisir et l’abandon total de soi. Finalement, il a opté pour la « voie du milieu ». De même Aristote dans son Éthique à Nicomaque prône une voie moyenne dans l’usage des passions : passion modérée et action réfléchie. Le stoïcisme et l’épicurisme prônaient également une voie moyenne, renonçant aux vaines ambitions sans pour autant renoncer à la vie active.

Vie active et vie au repos, action et contemplation, c’est au fond ce qui rythme nos existences : l’activité du jour succède à la nuit de repos, chaque semaine se conclut par un week-end, le travail et les loisirs s’enchaînent. Il faut être un philosophe fondamentaliste et obnubilé par des solutions définitives pour croire qu’il faille choisir entre les deux.

Vie active à plein régime, course au succès, culte de la performance ? Ça suffit ! Les surhommes (et les superwomen surtout) sont aujourd’hui fatigués. Les cadres sont à bout de course. Les autres aussi (6). Le culte de la performance et de l’excellence ne fait plus recette : il conduit au burn-out, au stress, et au « blues du dimanche soir » (7). 

Ces philosophies de l’art de vivre, fondées sur le lâcher-prise, l’instant présent, rencontrent du succès parce qu’elles sont en résonance avec une aspiration forte de notre époque. Face à un mode de vie stressant (course au diplôme, rythme de travail, actualités anxiogènes, surconsommation d’images et d’informations), nous souhaitons pouvoir « décrocher ». Le jardin d’Épicure prend aujourd’hui la forme d’un mythe : celui de la chambre d’hôte ou du gîte rural, là où se combinent la nature (pas trop sauvage : façon terroir local), de bons repas (gourmands pas gargantuesques), de bons vins (philosophie rime aujourd’hui avec œnologie) et de vrais amis (d’autant plus chaleureux qu’on ne les voit pas trop souvent).

À l’inverse, les vacances ne sauraient durer éternellement. Le renoncement total à ses grands projets, le retrait de la vie sociale, le refus d’exister pour ne prendre aucun risque ? Pas question ! La vie contemplative a ses propres limites : les moines contemplatifs sombraient dans la dépression, que l’on appelait autrefois l’acédie. Beaucoup de retraités se ruent aujourd’hui vers les associations, voyagent et s’occupent à mille activités, se remplissant des agendas de ministre. Car ils ont compris que l’inactivité à long terme est mortellement ennuyeuse, destructrice et sans aucun charme. La vraie saveur du repos ne s’apprécie qu’après une période d’intense activité.

Voilà donc pourquoi les manuels d’art de vivre antiques et les manuels de changement personnel contemporains oscillent tous entre l’appel au lâcher-prise (le culte de l’instant présent) et l’appel à se dépasser (le gouvernement de soi).

La voie du milieu semble souvent être celle de l’équilibre et donc de la sagesse.

Par contre, je ne suis pas du tout d’accord concernant l’excellence. Nous avons tous un potentiel d’excellence naturelle et innée. Trouver son excellence (son trésor unique de talents), c’est trouver sa zone de fluidité, celle qui nous rend performant sans effort. Et, là, il n’y a pas de burn-out. Je connais bien ce point, en tant que coach professionnelle j’accompagne les individus qui le souhaitent vers leur excellence… Celle qui fait sortir du burn-out ! Celle qui ressource !
Votre point 7 traite de cela. Devenir qui nous sommes, être qui je suis c’est entreprendre une quête de sens, celle de notre excellence.

La recherche de l'excellence, le moteur de notre vie ?Lorsque nous travaillons en embrassant notre excellence, nous travaillons avec plaisir, entrain et sans fatigue.

L’entraînement n’est donc pas pesant. Il est un loisir exigeant mais agréable qui se fait de lui même sans résistance.
Par ailleurs, le gouvernement de soi, c’est notre maîtrise, notre capacité non pas à nous contrôler mais à faire en sorte d’être l’incarnation de notre idéal. Et cela mobilise une énergie conséquente d’où l’importance de l’utiliser avec mesure.

Et, certes, le mal est dans le bien. Ne dit-on pas que l’enfer est pavé de bonnes intentions. Et souvent le mal est dans la prise de pouvoir sous toutes ses formes. Observer nos intentions est essentiel et incontournable.

5- De l’art de ne rien faire

Dans sa version zen, l’art de vivre se résume à la cérémonie du thé. Selon son grand maître Sen no Rikyû (1522- 1591), elle consiste à « faire bouillir de l’eau, préparer le thé et le boire ». C’est tout ? Oui. Cela veut dire 1) qu’il faut se concentrer sur ces gestes simples – c’est la meilleure méthode de faire le vide en soi, et 2) que pour être efficace, il ne faut faire qu’une seule chose à la fois.

Parmi les techniques mentales des sagesses antiques, occidentales et orientales, ou les méthodes contemporaines d’art de vivre, le lâcher-prise est la plus universelle. Elle se décline sous de multiples formes consistant toutes à évacuer les idées qui nous agitent : angoisses, ruminations, projets, souvenirs, spéculations… anxiogènes et inutiles pour se concentrer sur l’instant présent. « Il faut retrancher ses deux choses : la crainte de l’avenir, le souvenir des maux anciens. Ceux-ci ne me concernent plus et l’avenir ne me concerne pas encore », écrivait déjà Senèque dans ses Lettres à Lucilius.

Oublier le passé et ses remords, fuir le futur et ses angoisses pour se concentrer sur l’instant présent : voilà la principale recette de bien-être. S’ajoutent à cela toutes les techniques de relaxation, exercices de lâcher-prise et autres baumes antistress de l’esprit.

Mais le carpe diem peut s’entendre d’une autre façon, moins « contemplative ». « Cueille le jour » peut aussi vouloir recommander de ne pas perdre de temps, de ne pas tout remettre au lendemain. Chaque jour est une chance à ne pas laisser filer. La vie entière n’est faite que d’une succession de jours qui offrent chacun un champ de possible… Bref, ne procrastine pas trop en remettant tout au lendemain.

Vivre l’instant présent, donc. Tout cela est bel et bien, mais est-ce que cela marche si j’ai la main coincée dans la porte ? Cela ne m’aide pas plus si je dois préparer mes examens, planifier un départ ou prévoir le repas du soir. Vivre sa vie d’humain suppose de se projeter dans l’avenir et d’anticiper en se concentrant sur la forme de la tasse… L’art du bien-être est un art du repos. Mais il faut penser aussi à l’autre facette de l’existence humaine : l’action.

L’art du thé, à mon sens, n’a rien à voir avec ne rien faire. L’art du thé est un rituel sacré qui permet l’apprentissage et le développement de notre capacité à faire les choses en conscience. Il permet de canaliser notre mental pour faire d’un geste simple, anodin, un rituel sacré. On entend beaucoup parler de la méditation, l’art du thé est la pratique méditative. Ce rituel est connu pour générer un état modifié de conscience. L’important dans cela, c’est la conscience et l’état contemplatif, le centrage, l’ouverture du coeur.

En réalité, l’art de ne rien faire, c’est sortir du faire pour réaliser dans l’être.

Quant à l’importance de vivre l’instant présent, il semble clair que l’auteur de l’article n’a pas compris de quoi il s’agit. Il n’est pas question de ne pas anticiper les choses avec sagesse pour autant ni se chercher à se retrouver sclérosé(e) dans une situation douloureuse ou qui ne nous convient pas. C’est être présent à soi pour profiter de ce qui est agréable et disponible au moment présent ou prendre conscience que ce qui est présent et définir des moyens de transformer cela en se mettant posant des paroles et des actes au lieu de se projeter dans des discussions passées qui n’existent plus ou de discussions futures qui n’existe pas encore.

Vous retrouverez les 5 prochains points pour réussir votre vie dans l’article « Pour réussir ta vie… connais-toi toi-même » qui sera publié lundi prochain 😉

D’ici-là, je vous souhaite une douce semaine.

Pensez à appliquer les points présenter dans l’article, il y en a 5, si vous en appliquez un par jour, vous pourrez revenir sur ceux qui vous pose problème dans le week-end ou pas en fonction de votre besoin.

Soyez libre de réagir ou de poser vos question dans le module de commentaire.

A la semaine prochaine 😉

NOTES :

(1) P. HadotLa Philosophie comme manière de vivre, Albin Michel, 2001.
(2) M. FoucaultLe Gouvernement de soi et des autres. Cours au Collège de France, 1982-1983, Gallimard/Seuil, 2008.
(3) P. VeyneSénèque. Une introduction, Tallandier, 2007.
(4) J.-F. Dortier, « Bouddha, Confucius, Socrate et les autres », Sciences Humaines, n° 203, avril 2009.
(5) P. HadotLa Citadelle intérieure. Introduction aux Pensées de Marc Aurèle, Fayard, 1992.
(6) Voir F. DupuyLa Fatigue des élites. Le capitalisme et ses cadres, Seuil, 2005, et A. Ehrenberg, La Fatigue d’être soi. Dépression et société, Odile Jacob, 1998.
(7) J.-F. Dortier, « Le blues du dimanche soir », Les Grands Dossiers des sciences humaines, n° 12, sept-nov. 2008.

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