L’innocence et la perfection

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La quête d’innocence s’inscrit généralement dans la continuité de la recherche effrénée de perfection.
Or, comme nous l’avions abordé précédemment, la perfection est une forme de stagnation qui n’a d’ailleurs aucune application dans la vraie vie.
En réalité, la perfection n’existe que sur le papier… en théorie.

L’innocence qu’en à elle est reconnue comme une vertu à laquelle al grande majorité d’entre nous aspire.
Pour autant, la Bhagavad-gîtâ nous alerte sur le fait que la quête de vertu est un des 3 pires péchés de l’humanité… nommés les trois gunas.
Qu’en pensez alors ?
Je vous propose un petit cheminement pour changer de perspective et favoriser une nouvelle ouverture de conscience.

L’illusion de l’innocence

Je suis innocent

L’innocence est concept extrêmement prisé car la morale veut que nous y aspirions pour être une personne recommandable et aimée.
Elle est souvent perçue comme un refuge immaculé.
Une île où l’être peut se laver des ombres du monde et de ses propres défauts et aspérités.

Pourtant, derrière cette quête de pureté absolue, se cache une dangereuse illusion.
Celle de l’innocent qui, pour rester sans tache, met en place des stratégies complexes de distorsion de la réalité.

Loin d’être un simple exercice d’auto-préservation, cette posture influence la façon dont cet individu interagit avec le monde, imposant parfois des contraintes étouffantes à ceux qui croisent son chemin.
Mais aussi à lui-même car dans son système de survie, une voix d’une attirance irrépressible lui assène que pour pouvoir être aimé, pour pouvoir être digne d’amour, il doit être parfait et parfaitement innocent de toute faute.
Alors, rien ne peut être de sa faute.

L’innocence, quête de la blancheur

Dans l’imaginaire collectif, l’innocence est liée à la pureté, à l’absence de faute.
C’est-à-dire, la non présence d’erreur, de faiblesse, de péché, de culpabilité, d’imperfection, d’aspérité, …
Bref de potentiel d’amélioration.

Femme au visage blanchi pour être touchée d'innocence

Pourtant, cette quête de perfection peut se transformer en un masque rigide, à l’image des sépulcres blanchis dont parle la tradition biblique—magnifiques à l’extérieur, mais emplis d’ombres à l’intérieur.

Pour rester à distance de toute culpabilité, celui qui se veut innocent construit une forteresse de justification et de non-implication.
Il ferme les yeux sur ce qui pourrait remettre en question sa posture. Il choisit parfois une ignorance volontaire et s’écarte du tumulte du monde, persuadé que son non-engagement le préserve de toute faute.

Quoi qu’il arrive, il s’en lave les mains.
Il n’est d’ailleurs parfois même pas nécessaire de trouver des justification car ce qui fait loi est que que cela ne peut pas être de sa faute.
Il ne peut pas être responsable.
Le fautif est nécessairement qu’un d’autre puisque cela ne peut pas être lui.
Il n’y a pas même pas la place d’une discussion ici.
C’est ainsi.

Je tiens d’ailleurs ici à préciser que l’ignorance est la seconde guna.
Les gunas étant les pires péchés de l’humain.

Cependant, ce refus de se confronter au réel ne fait que créer des fractures.
Les stratégies de défense – blâmer les autres, minimiser ses responsabilités, décaler nos responsabilités et fautes sur d’autres ou se déclarer victime des circonstances – témoignent d’un paradoxe profond.
Car si l’innocent aspire à la lumière, il s’emprisonne souvent dans une obscurité intérieure faite de peurs inavouées et d’évitements.

Nouvelle vision et perspective grâce à l’apport des constellations familiales concernant l’innocence

Les constellations familiales, une approche systémique et transgénérationnelle, offrent un regard subtil sur cette dynamique.
Elles partent d’un présupposé audacieux qui présuppose que la victime n’est jamais totalement innocente.
Ou, en tout cas que d’autres personnes qui pourrait accuser une personne d’être responsable unique de la faut se dédouane de leur propre responsabilité.

Un exemple souvent observé est tristement celui de l’inceste.
Le père est reconnu coupable unique de l’inceste sur son enfant.
Or, dans le cadre d’une exploration dans le cadre de constellations, il est souvent observé que la mère ou les aïeuls ont une responsabilité engagée dans ce qui a été vécu (matérialisé dans le système).

Help...  au secours ! 
je suis innocent

Cela remet en cause beaucoup d’éléments et la manière dont on peut considérer un fait qui semble simple. Et qui pourrait facilement appeler une accusation ferme et sans discussion.
Le père est incestueux = c’est une mauvaise personne.
Il doit être puni.
Point.

Attention, le but n’est pas de déresponsabiliser ou de nier ce qui est arrivé mais d’amener une autre perspective, un autre angle de vue.

Pour autant, ce qui a éé vécu l’a été et risque de laisser des traces quasi irrévessibles.

Être victime une posture qui nous permet parfois d’être une blanche colombe

Ëtre une blanche colombe peut se révéler être extrêmement séduisant.
Pourtant, dans tous les cas, cela ne peut-être qu’une immense illusion.

Lorsqu’on observe les choses, les faits, la vie avec la vision de la systémique, on se rend rapidement compte que rien n’est anodin sans effet, sans raison…

C’est le principe même de la loi de cause et d’effet.

L'innocence de la victime désignée volontaire et subit comme la culpabilité du fautif qui est lui aussi désigné volontaire par le système

Ainsi, factuellement, personne n’est totalement innocent.
Non pas que chaque souffrance soit méritée, mais la posture de victime est souvent liée à des actes passés — omissions, aveuglements choisis, ou distorsions cognitives ou conséquence d’un karma — qui créent un enchevêtrement complexe de responsabilités partagées.

Dans une constellation, il n’est pas rare qu’émerge un passé oublié ou une dynamique familiale enfouie.
Un ancêtre ayant fermé les yeux sur une injustice, un individu ayant choisi le silence face à un acte condamnable…
Ces silences et ces évitements, bien qu’oubliés, continuent de résonner dans le système familial, se manifestant parfois chez les descendants sous forme de blessures ou de postures de victime.
L’innocent d’aujourd’hui porte souvent la faute non résolue d’hier.

Passer de l’aveuglement à la responsabilité

Reconnaître cette part de responsabilité cachée n’est pas un acte de condamnation, mais une invitation à l’éveil.
Se voir tel.le que l’on est, avec nos forces et nos failles, permet de sortir du carcan de la victime innocente pour entrer dans une posture d’acteur conscient.
En acceptant que l’innocence parfaite n’existe pas, on s’ouvre à une véritable transformation.

Cette évolution passe par un examen honnête de nos choix.
Ceux que nous avons faits, mais aussi ceux que nous avons évités ou ceux dont nous avons hérité.

Quel silence avons-nous gardé ?
Quelle action avons-nous omis ?
Quelle part de vérité avons-nous déformée pour nous protéger ?

Ce chemin n’est pas une remise en question destructrice, mais une alchimietransformer les ombres en lumière, les peurs en courage, et les illusions en clarté.

Renoncer à l’innocence = un héritage libéré

Loin de condamner l’innocent, cette perspective lui offre une voie vers la liberté.
Abandonner l’illusion d’une pureté absolue, c’est s’autoriser à être humain.

En effet, l’être humain est nécessairement un être faillible.
Cela est une certitude.
Mais pour autant, cela le rendre capable de croissance et de réparation.
C’est aussi cesser d’imposer au monde des attentes inatteingnables et libérer les autres de la contrainte de devoir jouer un rôle dans notre scénario personnel.

Dans ce processus de reconnaissance de ce qui est, chacun peut retrouver sa place.
Il n’y a alors ni victime, ni coupable, mais un.e participante actif/ve d’un système ayant une dimension plus grande.

Comme le disait Bert Hellinger :

« L’amour grandit lorsque chacun accepte son destin et reconnaît ce qui est ».

Ainsi, en abandonnant le masque de l’innocent, nous accédons à une véritable responsabilité.
Celle qui ne cherche ni à blâmer ni à excuser, mais simplement à voir avec clarté.
Et cette clarté est la promesse et le prémisse d’une vie plus libre et authentique qui peut enfin émerger.

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