Se re-connecter à Soi

Cheminer pour se re-connecter à Soi, c’est ce en quoi ont consisté mes 10 derniers jours.

Voilà, je suis de retour de ma deuxième session de pèlerinage sur el camino francès vers Saint Jacques de Compostelle. Et cela, environ 1 mois après le premier départ.

Crédit photo : Lætitia Trilleau

Refaire la même expérience en changeant quelques paramètres peut apporter un résultat tout autre.

Cette session a été très différente de la première. Tout d’abord, parce que j’ai marché seule avec moi-même. Et, cela m’a permis d’avoir de meilleures condition pour me re-connecter à mon Soi.
J’ai choisi de ne pas marcher avec un groupe même si je me mêlais à d’autres, au fil des rencontres, lors des pauses et le soir. Tout d’abord, parce que, comme je vous le disais dans le premier article de la série “Compostelle”, avancer à mon rythme était la clé pour éviter de me blesser à nouveau.

En marchant à ton rythme, tu peux faire plusieurs fois le tour du monde ! 
– dixit ma voix intérieure

Il y avait aussi un phénomène nouveau avec lequel il a fallu composer : la quantité de gens sur le chemin.
En effet, la foule des pèlerins était bien plus dense.
Cette fois-ci, mon point de départ a été Sarria, soit à 113 Km de St Jacques de Compostelle.

Beaucoup de pèlerins partent de cette ville car il faut avoir marché 100 Km, au minimum, pour obtenir le graal qu’est la Compostella (le certificat attestant que vous avez réalisé le pèlerinage). Ce sésame est utile pour attester de notre constance, de notre ténacité, de notre capacité à gérer nos ressources,… notamment lorsque nous cherchons du travail en Espagne. Il est prisé.

J’avoue que toute cette foule a été gênante pour moi. Comment, dans ces conditions se re-connecter à Soi ?

Cette foule inattendue a représenté une difficulté pour que je parvienne à m’intérioriser. Mon seul but était de marcher pour cheminer en parallèle à l’intérieur de moi… J’étais venue pour cela. Mais alors, comment rentrer en introspection au milieu d’une foule dense et parfois très bruyante. Un des jeunes pèlerins marchant ace une enceinte qui crachant un rap espagnol de mauvaise facture. Par besoin de vous parler de la dissonance que cela a générer…

Avec quelques stratégies, et des ajustements cela a été possible. J’ai choisi de chercher à descendre en moi tout en m’ouvrant au Monde : à vivre l’interconnexion centrée. C’est-à-dire, se re-connecter à soi tout en se re-connectant en conscience à l’interconnexion collective.

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Se reconnecter à soi, c’est se re-connecter à toutes les parts de soi – A propos du démon intérieur

Le chemin de Compostelle est celui où nous venons rencontrer notre démon intérieur. C’est en cela que le chemin est dangereux car personne ne sait comment il va ressortir de cette confrontation. Certains se perdent suite à cette rencontre périlleuse.
La plus grande erreur serait de croire qu’il est possible de le vaincre. Non, cela serait une illusion très grave car si nous sommes convaincu(e) d’avoir réalisé cela, c’est qu’il nous a trompé. Nous avons alors été vaincu(e)s et nous sommes perdus tant que personne ne viendra nous sortir de notre torpeur… si cela arrive. L’objectif de cette confrontation est de l’amadouer, le domestiquer et en faire un allié. Mais attention ! Il reste et demeurera un démon.
Il peut être un allié, mais ne le prenez pas pour un ami.

Sois proche de tes amis, et encore plus proche de tes ennemis

– Michael Corleone dans Le Parrain 2

Le but est d’utiliser son savoir et ses compétences. Il sait beaucoup de choses concernant la matière, mais il se joue de nos sentiments. Il utilise nos illusions mentales et joue en appuyant sur la corde sensible de notre ego.
A cet endroit, il nous ment.
Il est donc nécessaire d’être cordial mais très vigilant.

Si nous ne parvenons pas à l’apprivoiser et si nous rentrons dans son jeu, il nous dominera et nous possédera. Il nous manipulera grâce aux jeux des illusions qu’il offre à notre mental en utilisant comme levier nos peurs.

Mon but était bel est bien de le rencontrer, car il est le gardien du seuil. Ce gardien nous empêche d’accéder à notre Soi véritable. Mais dans ces conditions, comment faire ?

Alors, j’ai joué sur le décalage

Crédit photo : Lætitia Trilleau

Le matin, je me suis levée entre 5 et 6 heures et mon corps s’est rapidement habitué. Je n’avais même pas besoin de réveil pour cela. Dès le deuxième jour, mon réveil était intuitif.

Je partais sans petit-déjeuner avec un bout de pain gardé du repas de la veille. Pour le reste, je trouvais des pommes, offertes chemin faisant par Dame Nature, en marchant.

J’ai décalé de quelques kilomètres mes arrêts par rapport aux étapes “habituelles” du commun des mortels.
J’ai dormi dans des Albergues (auberges de pèlerins) plus petites, un peu en marge ou en dehors du chemin et surtout en dehors des villes-étapes. Cela m’a permis de rencontrer des personnes plus vraies, des hôtes qui n’avaient pas qu’un but commercial, avec lesquels j’ai pu échanger. Plusieurs faisaient eux-mêmes le chemin à leurs heures.

Se -reconnter à Soi et choisir d’être libre

Je n’ai passé que peu de temps à Santiago. Ce n’était pas mon but d’arriver à Compostelle. Je sentais que je n’avais rien à y faire. Ce n’était qu’un point de passage vers autre chose. Et, à partir de là, j’ai pris le bus pour m’extraire de la cohue et j’ai atterri au joli village côtier d’Erazo qui n’était pas sur le chemin.

Ensuite, même si je suis allée à Cee, Concubion, Finisterre, Muxia, Dumbria…qui se trouvent sur les chemins de Compostelle, j’y suis allée par d’autres chemins, j’ai tracé mon propre chemin. J’ai marché sur le chemin magique de mon intuition. Il a été bien plus facile de m’y re-connecter à mon Soi véritable.

Mon intuition et ma capacité à ressentir étaient décuplées durant le pèlerinage. Je n’avais pas d’attache, pas de peur, pas besoin d’être rassurée. Je savais que le Divin guidait chacun de mes pas et Dieu pourvoit pour moi.

J’ai appris à gérer mes ressources corporelles et mentales.

Se reconnecter à notre corps et nos ressources physiques. Je me suis écoutée. J’ai ressenti mon corps même si parfois j’ai choisi de nier l’illusion de mes douleurs.

J’ai mangé quand j’avais faim, bu à chaque fois que j’y pensais et je me suis arrêtée quand mes pieds n’en pouvaient plus. Cela a été comme inné.

Ce qui a été étrange, a été de refaire depuis ce nouveau point de départ, parfois, le même chemin dans un sens, puis dans l’autre.
De revisiter le même endroit avec une autre vision, un autre angle, un second regard.

Je me suis aussi trompée de chemin parfois, mais cela n’avait aucune importance. Je n’avais aucun impératif de temps.
De mon levé à mon coucher, la seule chose que j’avais à faire était marcher. Et, même si c’était douloureux avec mon lot d’ampoules, contractures, le mal aux pieds, le cisaillement dû au poids de mon sac et ma tendinite du talon d’Achille (qui s’était réveillée à Altrar et c’était révélée lors de la dernière étape vers Santiago) c’était confortable.

Oui, cela peut sembler étrange mais mes douleurs étaient confortables. J’étais libre et vivante en dehors de tout cadre. Et, ça, c’était plus fort que tout.

Je vivais en suivant mon intuition. Quand je me trompais, c’était pour découvrir un cadeau.

Je me suis perdue aussi. Cela m’a valu de marcher dans les ronces et les épines dans l’espoir de retrouver un chemin. Mais j’ai trouvé ça fun. Cela a nourri ma part aventurière.

Ce qui m’a le plus étonnée, c’est que même en marchant la nuit, seule, dans le noir, dans des endroits inconnus, dans la forêt, dans la rue, dans les bois, à aucun moment je n’ai eu peur. Etant connectée à ma nature profonde, et à ma nature sauvage j’étais sereine. Dieu ou une autre puissance veillait sur moi avec bienveillance.

Suivre un chemin déjà tracé est plus simple, plus facile et plus confortable mais permet-il de se re-connecter à soi ?

Crédit photo : Lætitia Trilleau

Pour beaucoup de gens, c’est ce dont ils ont besoin. Pour eux, cette option est sûre et rassurante. Mais, ce n’était pas pour moi.

En me poussant dans l’inconnu, sans cadre, j’ai pu me re-connecter à moi. Je me suis revue, enfant marchant dans la forêt avec mes chiens dans ma solitude sans fond, m’apitoyant sur mon sort d’incomprise. Mais, une fois dans la forêt, tout cela n’avait plus d’importance. C’est comme si une nounou bienveillante me consolait.
Je me suis re-connectée à ma part sauvage et à la paix que je trouve en forêt, en montagne.

Et, il y a eu ce moment, lorsque au milieu de rien, je suis passée devant une vieille femme seule avec son gang de chats. Je lui ai lancé un “Holà !” aimable et poli. Pour toute réponse, elle m’a fait signe de continuer mon chemin sans dire mot. Ce que j’ai vu en elle, à ce moment-là, c’était moi.

Mon démon est ma solitude

Mon démon m’a longtemps effrayée. Pourtant, depuis de nombreuses années maintenant, nous partageons mon temps. Je n’ai plus peur de cette solitude. Elle est devenue une compagne ennuyeuse mais qui répond toujours à l’appel et qui éclaire mes zones d’ombres.

Au delà de cela, quand je suis dans cette solitude, tout m’est donné. Il est alors possible de se re-connecter à soi et plus encore de rencontrer et de faire un avec notre divinité et le Divin en toute chose. Et, cette expérience est indiciblement merveilleuse.

En cheminant seule, j’ai trouvé à boire, à manger, du réconfort… j’ai pu vivre à 100% avec mon intuition. Mon démon m’a offert des conseils lorsque je marchais et que j’avais mal pour alléger ma souffrance. Mon intuition m’a amenée à des paysages merveilleux.

J’ai vécu dans l’émerveillement, enchantée par la nature. En marchant, c’était dur, douloureux parfois mais j’étais joyeuse.

J’ai expérimenté l’interconnection à son maximum. Chaque personne que j’ai rencontrée était un frère, une soeur, un(e) ami(e) ou une part de moi.

J’ai été le temps de quelques jours Alice aux pays des merveilles.

Crédit photo : Lætitia Trilleau

Mais, le plus complexe désormais, c’est le retour à ma vie “normale”. Mais cela, je vous en parlerai dans un prochain article.

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