Les différents visages de l’inconstance

Qui n’a jamais entendu la voix des douces sirènes de l’inconstance ? En même temps, il faut avouer que la persévérance est une chose fatigante qui implique que nous parvenions à générer nous-même de l’énergie pour avancer; même quand le moral est au plus bas. Ce qui, vous me l’accorderez est une tâche peu aisée. Mais l’inconstance a d’autres visages. Pour chacun, il existe des pistes pour y remédier.

L’inconstance perd tout, en ne laissant mûrir aucune semence.

– Henri-Frédéric Amiel dans Journal intime

Ainsi, l’inconstance est le meilleur moyen d’atteindre l’échec. Car, selon ma carte du monde, le véritable échec n’advient que lorsqu’on abandonne. Or, pour certaines personnes l’échec est plus  confortable et enviable que réussir. Car, lorsqu’on échoue rien ne change. On reste en territoire connu et c’est confortable pour l’ego qui se nourrit de peur. Elles restent alors dans le confort (souvent inconfortable) de leur inertie. Cela leur évite (consciemment ou inconsciemment) de sortir de leur zone de confort.

L’inconstance propre à l’enfant 

L’inconstance est également l’apanage de certains comportements d’enfant. Tout d’abord, il y a l’enfant qui vit dans l’instant présent et qui se remet à zéro à chaque instant. Un peu comme Dora dans Nemo.

Mais, il y a aussi l’autre enfant qui veut toujours plus. Cet enfant qui va de caprice en caprice. Une fois l’objet de son caprice obtenu, il orientera immédiatement son dévolu sur une nouvelle cible. Et cela, avant même de prendre le temps d’avoir plaisir à user du premier.
La seule chose qui l’intéresse semble être de réussir à décrocher le pompon. Le pompon en lui-même n’a absolument aucun intérêt pour lui. Mais tout cela n’est qu’un leurre. Il cherche quelque chose mais ne sait pas quoi. En Vérité, il cherche de l’Amour, mais il ne le sait pas. Ou plutôt, la société lui à fait croire q’aimer c’est posséder. Il veut se remplir de ce contentement qu’offre l’amour véritable. Mais, il n’y parvient pas. Alors il multiplie les caprices mais son intérieur reste vide alors qu’à l’extérieur il accumule.

L’inconstance issue du syndrome de Peter pan

Ainsi, pour l’adulte qui refuse de grandir et d’accepter d’avoir des responsabilités, l’inconstance est totalement et parfaitement confortable. Elle est alors la manifestation même de la fuite face aux responsabilités et/ou à l’engagement. Certains rétorqueront que de toutes manières, tout est impermanent, alors à quoi bon…

On se retrouve ainsi face à des comportements et une attitude difficile pour l’entourage. Notre inconstant avait promis de faire ceci ou cela… mais finalement ne le fait  pas. Il s’était engagé à prendre en charge ceci ou cela, une partie indispensable pour la viabilité de réalisation d’un projet… et au dernier moment, il tire au flan.

Bien sûr, il récolte la colère, la frustration, les foudres et reproches de son entourage. Mais n’est-ce pas cela qu’il cherche à collecter ? Nous ne pouvons que nous poser la question, face à la constance qu’il investit à être inconstant. Est-ce un nouveau caprice ? une stratégie bien huilée ? une incapacité ? la peur de réussir ?

Je ne sais pas si vous avez regardé la série Kaamelott. Un épisode est très représentatif. Dans cet épisode, Arthur décide d’être plus positif avec Perceval et de choisir à le complimenter et le félicité même s’il continue à être un véritable boulet dans la quête du Graal. Or, face aux compliments d’Arthur, il tombe dans les pommes et s’évanouit.

Pourquoi ? pourrait-on se questionner ? Il faut prendre en considération que depuis son enfance, toutes les figures paternelles lui répètent qu’il est un abruti fini. Cela est devenu sa normalité. Il se définit ainsi. C’est son étiquette et il y a trouvé une stabilité. Il peut s’appuyer sur ce point immuable. En le définissant à contrario comme un homme compétent et de bonne volonté, en cherchant à le valorisant et l’accompagner, tout son univers s’écoule. Il perd pied et tombe telle une maison qui s’effondre car la Terre sur laquelle elle a été construite s’est dérobée.

Alors, faut-il pardonner systématiquement ce comportement d’inconstance ? Je vous laisse méditer à cela.
(vous pouvez aussi lire Pardonner encourage-t-il les autres à persister dans leur (s) erreur (s) ? )

En quoi la constance pourrait être une bonne chose ?

En vérité, la constance n’a que peu d’intérêt :

1- réussir à mener à bien des projets

2- Amener une stabilité dans notre quotidien

Personnellement, je vois la constance comme un engagement. Je pose la capacité d’être constant sous le couvert de l’honneur de l’homme (ou de la femme) de parole. Ainsi, je me vois et m’entends répéter qu’un homme sans parole et un homme sans honneur qui ne vaut rien.

Puisque je m’engage, alors je le réalise et mets en oeuvre tout ce qui est possible tant que cela est juste. Je sens que cela va en résonance avec la valeur que je donne à ma volonté d’action et avec l’estime de Soi. Si je ne suis pas certaine d’être alignée avec ce projet et en capacité de le mettre en oeuvre, je l’exprime à l’autre. Mais, évidemment, pour cela, il faut être capable de dire non ou d’accueillir une éventuelle déception de l’autre. Pourtant, si je dis oui je m’en charge et qu’au final je ne le fais pas, n’est-ce pas pire ?

Ok, parfois c’est plus facile de ne pas être présent, en face de la déception de l’autre et de faire en sorte de l’éviter pendant un temps pour éviter d’être confronté à ce que nous avons semé. Mais est-ce agréable et n’est-ce pas fatigant de devoir se créer tout un tas de stratégie de contournement et d’évitement ?

Etre en accord avec nos paroles et actions est tellement plus paisible, lumineux, fluide et agréable.
C’est aussi, selon moi, une question de respect et de parole. Mais, cela est mon mode de fonctionnement, ma carte du monde et je vous l’offre sans jugement. Cela m’aide à soutenir et entretenir ma constance. Cela me permet d’être tenace.

Un travail sur ce qui motive cet état de léthargie dans le monde de l’enfant est souvent la solution.

Habituellement, on se frotte à une peur ancrée (d’où la fuite, stratégie de survie très connue face à un danger vital). Un travail de fond est souvent bienvenu sachant que la peur initiale est ancrée dans l’enfance. Or, l’enfant, factuellement devenu adulte, qui arrive en consultation, s’est, depuis, équipé de ressources, de capacités et de stratégies, pour faire front et dépasser cette peur devenue obsolète.

Le cas spécifique du zèbre

Zebre

Le zèbre est un sujet auquel je reviens souvent, car je vis le phénomène, tout comme un certain nombre voire un nombre certain de mes proches.

L’inconstance, chez le zèbre est connue et reconnue. Il est capable de se passionner pour un sujet et d’en devenir expert en l’espace de quelques semaines ou quelques mois, pour finir par s’en désintéresser du jour au lendemain.
Dans la première phase, plus rien n’est important. Il est avide de ce sujet. On frôle l’obsession.

Dans son cas, l’inconstance vient de l’excès.

En effet, il arrive souvent que le sujet le passionne tant, qu’il est capable d’arrêter de manger, de dormir, de sortir de chez lui… car cette quête de savoir et de découverte soutenue par sa curiosité naturelle devient obsessionnelle.

Mais un sujet nouveau émergeant et captant son attention le fera changer dans l’instant de sujet d’obsession. Et la boucle se révètle plus où moins forte en fonction du sujet, de sa profondeur, de la difficulté à être étudiée, dévoilée… Créer un fil rouge en donnant du sens au fil des recherches et études est un axe à envisager.

Dans la dernière phase, c’est comme si cela n’avait jamais eu aucun intérêt. Cela peut être très déroutant pour l’entourage. Il est un passionné à la passion changeante.

L’inconstance pour se prémunir de la réussite

J’en parlais un peu plus haut déjà. L’inconstance permet de s’assurer l’échec.
C’est une technique que j’avais testé enfant. Pour éviter de rater un examen, je n’y allais pas ! J’arrivais même à me rendre malade pour ne pas y aller. Je précise : factuellement malade avec de la fièvre et tout et tout.
Jusqu’au jour où je me suis rendue compte que c’était absurde.

Dans un cas, nous avons proportionnellement une chance sur deux de réussir. Dans l’autre, 100% de chances d’échouer. Pourtant, dans la réalité, avec un peu de volonté et d’application une chance sur deux et en-deçà de la réalité. Quel est le risque d’essayer, à part celui de réussir ?

Revenons à notre épisode de Kaamelott, le roi Arthur décide de changer de tactique relationnelle envers Perceval (un chevalier de la table ronde qui a de grandes aptitudes, en calcul notamment mais qui a aussi de grosses lacunes). Arthur décide d’arrêter de lui dire qu’il est un demeuré, un raté et un débile en valorisant ses piètres efforts et qualités. En lui offrant, même, un maximum de circonstances atténuantes pour ses échecs.
Face au changement de comportement d’Arthur, le résultat est sans appel. Perceval perd conscience et Arthur est obligé de retourner aux bonnes vieilles habitudes… pour le rassurer. On tape en plein dans les zones d’habitudes de l’enfant intérieur.

Être fidèle au portrait que les autres ont dépeint et défini pour nous

Ainsi, si dans notre enfance, nous n’avons eu de cesse de nous entendre dire que nous étions un imbécile, incapable, ou que nous rateriez tout dans notre vie, ou que nous étions voué à l’échec (difficile de ne pas répondre favorablement aux demandes verbales de nos chers géniteurs), et si par dessus cela notre part rebelle est plutôt faible, il est peut-être temps d’aller faire une petite mise à jour. Cela est possible avec l’aide d’un accompagnant bienveillant. Seul, c’est souvent compliqué, car comme je vous le disait plus haut, il est question de détruire tout l’édifice pour le reconstruire de zéro. Il faut être en mesure de traverser la phase instable. Puis de se réinventer et se reconstruire.

En choisissant de miser sur une impermanence consciente, l’inconstance pourrait bien cesser… enfin… dans la mesure où nous osons prendre le risque de réussir à faire ce qu’il faut pour parvenir à transformer notre vie. Après c’est aussi une question de choix, de volonté et de motivation. 

 

Tout n’est pas une fatalité.

Nous pouvons nous en sortir.

Tout passe.

lÆTITIA Trilleau

L’inconstance qui cache la blessure d’abandon

Pour ceux qui ont lu, ou pas, Lise Bourbeau (Les cinq blessures qui empêchent d’être soi-même), il existe une blessure répandue qui est celle de l’abandon.

Souvent liée à la disparition prématurée du père ou de la mère, l’enfant développera alors un lien entre ce qui a de la valeur et le poids de l’abandon.

Son comportement inconscient sera de chercher à être abandonné par ceux qui comptent pour lui.

Ou d’abandonner toute chose ou personne qui commence à prendre de l’importance dans sa vie. La stratégie peut sembler absurde puisque la personne en vient à se faire mal à elle-même et à se condamner à une vie apathique. Mais la peur de revivre l’abandon se révèle être un risque trop grand. La solitude est alors, émotionnellement, une douce compagne qui présente peu de risque.

L’inconstance par manque de motivation

entraînez-vous

Parfois, l’inconstance vient simplement d’un manque de motivation. En cela, elle se rapproche de sa cousine la procrastination.
Il est peut-être temps de vous lancer dans la recherche de vos motivations fondamentales ?

Lorsque la motivation existe, l’humain est capable de déployer une volonté louable et sans borne. Il nous suffit peut-être de rencontrer la clé, le déclencheur, l’impulsion qui nous permettra de nous lancer dans notre voyage du héros et ainsi transcender notre vision de la réalité 😉

Je nous souhaite une belle et lumineuse journée.

Lætitia

Si vous souhaitez que je vous accompagne sur l’un de ces thèmes, ou un autre, vous pouvez requérir une consultation ici

2 réflexions au sujet de “Les différents visages de l’inconstance”

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