Prisonnier d’être indispensable

Parfois, ceux qui poursuivent un rêve cher à leur coeur ne peuvent s’y adonner, car malheureusement ils sont indispensables ailleurs. Alors, quand ? Comment ? Pourquoi et pour qui sommes-nous devenu.e.s indispensable.s ? Comment y remédier ?

En Vérité, je vous le dis, n’est indispensable durablement que celui qui l’a décidé et choisi. Car pour être indispensable, nous avons créé, consciemment ou inconsciemment, un système qui a rendu les autres, acteurs de notre système, ce système issus de nous, dépendants de nous.

Alors certes, nous aurons de excuses matérielles ou logistiques, conséquentes de ce qui a pris forme dans la matière, mais elles aussi, nous les avons créées; par ricochets. Notre capacité à voir cela avec conscience ou non, dépend du créateur que nous sommes et de notre état de conscience.

Être indispensable est-il incontournable ? A quoi cela sert ? Comment faire autrement ?

A l’heure des non-essentiels, ensemble, parlons de dépendance, dévotion, indépendance et interdépendance

Nous sommes nombreux, nous, les êtres humains à vouloir devenir ou être indispensables. Être indispensable nous confère une certaine valeur, entre nous et nous. Mais, nous cherchons à la faire valider par l’extérieur (les autres) pour la rendre plus réelle. Nous devenons alors, dans notre illusion, plus intéressant, valeureux, grand, fort, puissant, célèbre populaire… ou autre en fonction de notre but.

C’est nous qui échafaudons alors toute une construction, une processus qui amène les autres à devoir nous solliciter pour obtenir ce « quelque chose « qui nous rend indispensable. Nous les rendons ainsi dépendants de nous. Ils deviennent alors nos otages, emprisonnés au service de notre ego.

Mais, revers de la médaille, nous sommes alors nos propres geôliers car en nous rendant incontournable pour l’autre, nous nous enfermons dans notre système. Cela se fait naturellement pour et par l’équilibre écologique de notre système. Et cela est entretenu par notre propension à la culpabilité mais aussi d’autres phénomènes font que nous ne sommes plus alors libres de nos mouvements et choix. Dans ce système que nous avons créé, nous sommes interdépendants des autres acteurs du système. et, il en est de même dans tous les systèmes qui existent.

Le besoin d’être indispensable se voit dans différents domaines.

Dans l’entreprise, celui qui est seul à avoir la signature fait cela. Alors qu’il pourrait donner pouvoir à une autre personne en cas de besoin impérieux.
Celui qui détient un savoir-faire et le garde exclusivement pour lui-même fait un choix appuyé. Il prend en tout état de cause la décision impérieuse d’être indispensable lorsqu’il choisi de ne pas transmettre ce savoir à d’autres.

Au sein de la famille, si un seul des deux parents travaille et pourvoit aux besoins financiers de la famille, alors il se rend indispensable. Et, il enferme ainsi l’autre dans une dépendance financière plus moins juste et bien vécue par l’un et/ou l’autre.

la mère allaitante, qui a choisi l’allaitement exclusif devient alors indispensable à bébé. Il est dépendant d’elle… nous y reviendrons.

Le guérisseur, thérapeute, ou autre qui devient le sauveur de son patient/client s’il n’a pas pris soin de préserver l’autonomie et la prise de responsabilité de ce dernier le rend dépendant de la récurrence de leur rendez-vous. Certains diront que cela n’est pas de sa faute.
Moi, j’invite chacun à prendre la responsabilité de ses actes, choix, pensées, intentions, souhaits… Dans le métier, chacun sait que certains vont jusqu’à cultiver cette dépendance pour des raisons financières et d’autres simplement par ignorance. Mais l’ignorance n’excuse pas de ne pas s’être posé les bonnes questions. D’autant plus en tant qu’accompagnant, nous devons réaliser des introspections régulières. L’ignorance est l’un des plus grands maux de l’humanité. Les hindous la considère comme un des 3 gunas (les pires défauts) aux cotés de la méchanceté et (recherche de) la vertu.

Il ne sert à rien de culpabiliser. Il faut prendre responsabilité.

Prendre vos responsabilités

J’aimerais aborder le thème de la dépendance reliée aux notions connexes de dévotion, d’indépendance et d’interdépendance pour nous offrir un champs de conscience plus large.

De nombreux articles ont déjà abordé certaines nuances de ce thème et ces notions mais aucun n’y est totalement dédié. Or, on me souffle qu’il est temps d’aborder cela plus en profondeur, pas en théorie mais appliqué au quotidien.

L’inspiration de l’article que vous êtes entrain de lire est venue alors que je réalisais une introspection autour de mes choix, intentions, convictions autour des questions d’allaitement, de délégation, de mode de garde, de possibilités de reprise progressive de poste… Ainsi, ce sujet reviendra au cours de l’article.

Quel lien entre dépendance et dévotion ?

La dépendance, nous savons tous ce que c’est. Nous avons toutes et tous, à un moment donné de notre vie, été dans une situation de dépendance.

Bébé, nous sommes clairement dépendants de nos parents ou d’adultes se substituant à ces figures maternelle et paternelle.
Le bébé humain n’est pas indépendant à sa naissance pour une première raison : il n’est pas capable de marcher ni même de ramper et encore moins de se défendre avec autre chose que des cris ou des pleurs. Il est dépendant d’autres pour se nourrir, se déplacer, être protégé du froid et autres intempéries mais aussi d’éventuels prédateurs.

Cette dépendance nous l’expérimentons aussi dans d’autres situations : maladie, handicap… ou dans des situations que nous pourrions penser plus gaies mais qui ne le sont pas : dépendance affective ou sociale, drogue, nourriture, dogme…

La dépendance juste est temporaire; il serait bon de la considérer avec pragmatisme et discernement.

L’enfant grandit au fur et à mesure du temps qui s’écoule. Ses besoins évoluent et il est de la responsabilité de l’adulte de l’accompagner avec Amour et Sagesse.

L’adulte se doit d’être là, présent, disponible. C’est de sa responsabilité. Il est donc co-dépendant de l’enfant. Un parent ne peut pas être libre de faire tout et n’importe quoi. Car, il a la responsabilité d’être là pour l’enfant et se doit de l’assumer pleinement. Ce n’est pas le moment d’être égoïste. A ce niveau, certains ont mal compris certains messages véhiculé à travers la voix des professionnels du développement personnel. Quand on vous dit cesser de culpabiliser, estimez-vous davantage… cela ne veut pas dire faites n’importe quoi égoïstement. Non, clairement, Non ! Préserver l’écologie de votre système est Essentiel et Incontournable. C’est une priorité qui vous demande une dévotion inconditionnelle à laquelle il n’est pas juste de se soustraire. Par contre, il peut être cherché une certaine mesure qui mènera à trouver un aménagement juste pour chacun. Tout en préservant une rectitude incontournable liée intrinsèquement à notre rôle.

Prenons un exemple : l’allaitement qui rend la mère indispensable

Photo par Instant Complice

Cet acte, s’il est réalisé en conscience, est un moment sacré de dévotion et de don à l’enfant. Ainsi, la mère qui veut allaiter exclusivement au sein son bébé devra se dédier à lui jour et nuit. Elle se doit alors de transformer son mode de pensée, ses comportements, habitudes, automatismes du passé. Il n’est pas question de vouloir conserver son indépendance car un petit être précieux a besoin d’elle.

Il existe toutefois, évidemment, des solutions ponctuelles de substitutions acceptables (tirer son lait ou comme dans l’ancien temps trouver une nourrice allaitante même si cela peu sembler désuet).

Au-delà même de donner son lait, elle lui offre de l’attention, sa présence, son amour, à travers elle, par le biais de l’allaitement, des éléments subtils sont aussi transmis. Attention, je ne dit pas que ce n’est pas le cas lorsque c’est un biberon qui est donné. Dans ce cas, l’ouverture du coeur nourrit aussi l’enfant si elle.

Mais, pour le reste, il lui faut prendre la responsabilité de ses décisions qui impliquent nécessairement la prise en considération de bébé. Faire l’introspection de ce choix est essentiel, quelle est l’intention en amont, le pourquoi du comment… l’acceptable ou non envisageable, etc… en conscience.

Durant ce temps où l’enfant dépend d’elle, la mère devient son dévot indispensable.

Laetitia TRILLEAU
Photo par Elle photography

Mais un dévot éclairé et volontaire, conscient dans la justesse de ce qui est juste et bien pour chacun. Si la justesse et la mesure ne sont pas là, des ras-le-bol, des crises… etc… vont surgir et elle n’aura pas le nécessaire pour les dépasser. Car, des prémisses de crise, il y en aura. Devenir parent, ces aussi cela, apprendre à se réajuster constamment malgré la fatigue, le stress, la frustration…

Les choix de la mère (cela est aussi valable pour le père) ont alors un impact sur elle (lui), sur l’enfant, mais aussi sur la relation au reste de la famille et du foyer qui sont de fait co-dépendants de ses choix. Cela influence aussi ses possibilités professionnelles, sociales, ses loisirs… il est nécessaire de revoir ses priorités, objectifs,… le temps dédié à ceci ou cela… l’importance que revêt désormais ce ceci ou cela. Et, là où souvent le bas blesse : reconsidérer et accompagner l’autre à accepter que le temps dédier au couple devenu moindre. Une question essentielle alors est quelle place laisse-t-elle à l’autre dans cette nouvelle configuration, dans cette aventure de parents avec enfant en bas âge ? Et quelle place est-ce que l’autre souhaite prendre ?

Cela est temporaire. Cela aussi passera

Au fur et à mesure que l’enfant grandit, il gagne en indépendance. Il est alors l’heure d’accepter de devenir de moins en moins indispensable.
Il s’agit d’une dépendance impermanente, d’un investissement pour l’avenir. Cela aussi changera car le temps fait son oeuvre.

Accompagner son enfant vers une prise d’autonomie progressive.

Cette étape est cruciale. Certains ne les voient pas grandir et veulent garder une relation de parents à bébé alors que leur(s) enfant(s) est/sont déjà un/des ado(s).

Accepter ce nouveau changement de configuration lorsque nous nous sommes engagés tels des dévots est parfois complexe. D’autant plus lorsque nous avons fait un trait sur notre carrière professionnelle pour nos enfants. Ou bien quand ils quittent le nid et laisse un vide derrière Soi. Nous nous sommes dédié corps et âme à quelqu’un qui n’a pas besoin de nous. Et nous quitte souvent sans un merci en laissant un énorme vide. Il faut alors faire le deuil de cette situation désormais caduque et faire preuve de résilience pour démarrer une vie nouvelle. Et, ce n’est pas si simple

Ne pas préparer nos enfants à leur futur envol c’est chercher à les rendre dépendants. Et, cela ne nous prépare pas non plus à les laisser prendre leur indépendance, quitter le nid et voler de leurs propres ailes.
Ne pas leur faire confiance est un manque d’amour.
Précipiter leur prise d’autonomie lorsqu’ils ne sont pas prêts et tout aussi néfaste. Même si parfois, ils ont besoin d’un petit coup de pouce pour croire en eux. Ici, le discernement et la mesure sont des clés pour que tout se déroule pour le mieux au bon moment.

Alors, oui, ce n’est pas simple. Cela demande de l’observation, de nombreuses introspections, du discernement et des réajustement constants. C’est cela élever nos enfants avec sagesse.

La question de la dépendance puis de la prise d’autonomie sont essentielles.

C’est aussi le cas dans l’entreprise. Quand un nouveau collaborateur arrive, il serait fou de penser qu’il n’est pas nécessaire de prévoir un temps d’intégration. Ce temps, c’est un temps de « pouponnage ». Il est l’heure de lui montrer comment l’entreprise fonctionne, quelles sont ses habitudes, sa culture, ses process… etc… mais ce temps doit, lui aussi être temporaire.

Au fur et à mesure du temps, plus d’autonomie va être offerte mais cela ne doit pas être fait n’importe comment. Il faut rester disponible et le laisser faire savoir à l’autre. Une bonne communication, c’est à dire honnête, saine et bienveillante, est incontournable.
Parfois, pour pousser la personne à prendre son autonomie, des responsabilités « à faible impact » vont lui être données et nous allons être de moins en moins disponible pour qu’elle apprenne à faire sans nous. L’objectif étant qu’elle puisse prendre sa place et l’intégrer.

Cela est bien sûr ce qui se déroule dans l’idéal. Mais dans les faits, il en est souvent autrement. La personne qui est trop contrôlante empêchera l’autre consciemment ou inconsciemment de devenir autonome. Nous rentrons alors dans la configuration du goulot d’étranglement. Le contrôlant veut garder son pouvoir sur l’autre et se rend indispensable en donnant des directive en ce sens.

Exemples de création de piège à étranglement :

  • interdiction d’envoyer un devis avant vérification du big boss
  • on ne prépare pas les commande avant que le chef de secteur ait vérifié le paiement auprès du service financier
  • on ne fait pas de feu dans la cheminer tant que Pierre ne l’a pas lavée
  • pas possible d’avoir un vêtement de sport propre

Toutes ces situations pourraient être autres… Si nous avions réalisé une transmission, une passation, une délégation avec un empowerment (Il n’existe pas à mon sens un mot en français pour traduire avec justesse tout ce qu’implique ce terme. Il signifie donner un pouvoir d’émancipation, de responsabilisation, de capacité).

écrasé sous le poids de la résistance et de l'épuisement

Apprendre à l’autre comment faire progressivement en l’accompagnant dans sa prise de, et sa montée en, compétence. Cela le rendrait plus autonome/indépendante et la personne « point d’étranglement » serait plus libre et moins écrasée par le poids de ses obligations et responsabilités en acceptant enfin de déléguer.

En vérité, être ce point d’étranglement nous étrangle. Nous ne pouvons évoluer ou avancer car ceux qui sont dépendants de nous nous retiennent, nous alourdissent et avec le temps, nous en faisons des boulets.

Alors, comment changer le système dont nous sommes interdépendants ?

Par notre façon de vivre, par des choix éclairés par un plus large champ de conscience. C’est en nous transformant d’abord nous-même que nous pourrons chambouler le système dans son intégralité. Mais pour cela l’humain a besoin d’un enseignement, c’est-à-dire d’un nouveau système de pensée, de savoir-être, et d’action.

Tout est là : il nous faut vivre une nouvelle vie en ayant une philosophie nouvelle appuyée, nourrie par une nouvelle compréhension de l’Amour. L’harmonie commence alors à s’installer en l’homme qui devient un facteur bénéfique et constructif pour tous.

Et, ensemble, par le dévoilement et la communication honnête, à travers un échange véritable qui s’appuie sur l’ouverture et l’authenticité, nous pourrons construire ensemble une vie meilleure pour tous les acteurs interdépendants du système.

Merci d’avoir lu cet article. Puisse-t-il vous offrir des pistes d’introspection.
Si ces thèmes résonnent en vous et que vous souhaitez un accompagnement dans le domaine personnel ou professionnel, la possibilité vous est donnée de requérir un accompagnement.

Je vous souhaite une belle et lumineuse semaine.
Bien à vous,
Lætitia

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