Tous les grands philosophes et les Maîtres spirituels s’accordent sur ce point : pour réussir ta vie, connais-toi toi-même. Mais, cette invitation est souvent mal comprise. Avoir cette ambition, de se connaitre et bien plus profonde et demandeuse qu’il n’y parait. C’est une invitation à modifier l’objet de notre regard.
En effet, l’humain oriente, de façon innée et naturelle, son regard, son attention sur l’extérieur. Or, cette injonction du connais-toi toi-même est alors faussement assimilée à de l’égoïsme alors que c’est tout le contraire. En se lançant dans cette quête, nous allons apprendre à mieux nous comprendre et à mieux appréhendez notre univers, les interactions avec l’extérieur : nos proches, collègues et autres relations. Choisir de s’investir dans la quête du connais-toi toi-même, c’est un cadeau immense que nous nous offrons : celui de dépasser nos limitations égoïstes générés par notre moi inférieur pour nourrir et faire grandir notre moi supérieur.
Cet article est la suite de l’article Réussir sa vie en 10 leçons
6- Connais-toi toi-même (tout en restant indulgent-e)
Le principe socratique « connais-toi toi-même », inscrit sur le fronton du temple d’Apollon de Delphes, se retrouve encore aujourd’hui dans la plupart des psychothérapies, de la psychanalyse aux thérapies cognitivo-comportementales (TCC). Qu’on l’appelle introspection, autoanalyse ou réflexivité, ce retour sur soi vise à mettre au jour les représentations implicites, les réactions routinières, les motivations et les émotions, les schémas de pensée récurrents.
Les bouddhistes comme les penseurs grecs avaient déjà fait cette découverte fondamentale : la subjectivité. Mes peurs, mes colères, mes joies, mes espoirs se nourrissent de représentations fantasmatiques. Il faut donc apprendre à distinguer les objets et leurs représentations, les situations réelles et la façon que j’ai de les percevoir. Les sages de l’Antiquité étaient « constructivistes » avant l’heure.
Pourquoi devrait-on initier ce chemin vers soi dans le cadre d’une thérapie ? Faudrait-il donc être malade ou avoir un problème pour se lancer dans des introspection et la rencontre de Soi ? A mon sens, mettre tout en oeuvre pour se rencontrer n’est pas une option, c’est un devoir que que nous devons à Soi. C’est d’ailleurs l’objectif voilé de tout cheminement spirituel.
Connais-toi toi-même (avec indulgence) est effectivement essentiel. Mais je le dirais un peu différemment.
Apprends à te connaître et accueille avec amour qui tu es, tel(le) que tu es.
Nos plus grandes qualités sont aussi nos pires et nos moindres défauts. Tout est question de mesure et d’angle de vue. Mais, la première étape est d’apprendre à s’estimer. Au-delà de cela, quand tu parviens à connaitre ou dévoiler une facette de ton être, autorise-toi à découvrir celle d’après. Et cela, même si elle semble être l’antithèse de la première. C’est ainsi que nous pouvons re-connaître l’étendue infinie de nos possibilités. C’est la peur qui nous contient enfermée dans nos retranchements : la prison de nos certitudes.
7- Deviens ce que tu es (sauf pour les serial killers)
« Deviens ce que tu es » : la formule maintes fois citée par Nietzsche (qui la tient de Pindare, un poète grec du Ve siècle av. J.‑C.) est énigmatique : comment peut-on devenir ce que l’on est déjà ? En fait, l’idée est que nous possédons tous des ressources et des prédispositions particulières qui demandent à être révélées. Mais comment savoir ?
La réponse se trouve chez le philosophe stoïcien Épictète. L’un de ces disciples lui demandait : « Comment chacun de nous peut-il savoir ce qui répond à ses aptitudes ? »Épictète répond alors : « Comment le taureau, quand s’approche le lion, connaît-il le courage et la force qui est en lui ? » La réponse est donc que c’est dans l’épreuve que la personne se révèle. Inutile donc de se regarder au fond de soi pour trouver ce que l’on doit faire. C’est dans la pratique que se révèlent forces et faiblesses.
Ce n’est pas tout. Si nous avons tous des dons (pardon, des prédispositions et des goûts) pour certaines activités, il faut aussi les cultiver. Épictète poursuit : « On ne devient pas soudain un taureau ou un homme d’élite, il y faut de l’exercice, de la préparation. Et ne pas se lancer à l’aveugle dans des entreprises qui ne sont pas à notre portée »(Entretiens, livre I).
André Gide le disait à sa façon : « Il faut suivre sa pente, mais en montant. »
Tout est déjà en nous. Nous sommes l’Univers condensé. Donc tous les potentiels sont en nous.
L’épreuve est l’opportunité qui nous permettra de les révéler.
La variante de notre existence où nous sommes ce serial killer existe aussi en nous. Mais par chance, nous ne l’avons pas développée. Il serait urgent d’y renoncer définitivement
8- Ne compte pas sur ta seule volonté
L’art de vivre philosophique comme les techniques de changement personnel reposent sur le principe d’une transformation intérieure. Il faut changer ses pensées afin de modifier ses conduites. Cette conversion mentale est l’acte philosophique par excellence. Elle repose sur la connaissance de soi préparatoire à la maîtrise de soi.
Mais la volonté est fragile et ne compter que sur elle pour changer s’avère notoirement insuffisant. Tous ceux qui font des résolutions de début d’année le savent bien. La volonté finit toujours par se heurter à d’autres sollicitations, aux envies immédiates, aux distractions, aux routines et à mille autres assauts du réel.
D’où cette leçon essentielle : pour changer, il faut aussi transformer son environnement. En agissant sur son milieu, on agit en retour sur soi-même. C’est ce que font spontanément certains adolescents qui savent qu’ils ne pourront pas résister à certaines tentations (jeux vidéo, copains, télévision) et demandent à entrer en pensionnat. Telle est la ruse d’Ulysse qui, sachant qu’il ne résistera pas au chant des sirènes, demande à être attaché au mât.
Le changement personnel passe par le changement de cadre de vie. On en a tous l’expérience : il suffit de sortir de son cadre habituel pour que nos idées changent. Les voyages, rien de tel pour se changer les idées. Le support social – amis, rencontres, clubs, associations, institutions – joue également un rôle majeur sur nos conduites : bon ou mauvais, il contribue à nous extirper d’une situation ou à nous y replonger. Les experts en changement personnel ont tendance à insister sur le rôle de tous les supports extérieurs dans la transformation de soi.
Les grandes religions ne s’y sont pas trompées. Cherchant à inciter leurs ouailles à se comporter en bons disciples, elles ont mis au point tout un arsenal de techniques de contrôle personnel : rituels quotidiens, images souvenirs, objets (chapelets ou moulins à prière), organisation communautaire, slogans simples, modèles de référence, etc. Le tout formant une sorte de kit existentiel destiné à encourager un modèle de vie de bons croyants.
La transformation intérieure est essentielle
Le changement de point de vue nous permet de voir les opportunités autour de nous plutôt que d’être écrasé(e) par les contraintes environnantes avec la tête dans le guidon. Avec nos œillères en moins, on se focalise sur les possibles et on limite les impacts négatifs en leur trouvant des solutions grâce à notre perception éclairée, et en faisant preuve de plus de créativité.
Je l’ai fait parce qu’on ne m’a pas dit que c’était impossible
Au-delà de la religion, la puissance du rituel est excellente. Quand on change nos habitudes, notre attitude change et nos comportements également. De l’habitude, ou plutôt comme dit la loi du Tao :
La perfection vient de la répétition…
Le cerveau enregistre les comportements issus de l’habitude comme des automatismes qui ne nécessitent plus l’effort de l’attention. Là, nous sommes aux antipodes du rituel du thé. L’inconscient prend le relais pour enclencher le pilote automatique et mettre notre conscience en stand-by.
Mais, la vérité sur la volonté, c’est qu’elle n’est pas l’envie.
Il ne faut surtout pas faire d’amalgame entre ces deux notions. Si on a envie de changer mais que nous n’en avons pas la volonté. Peu importe la raison, cela peut simplement être un bénéfice secondaire comme « contourner notre peur d’être libre, en nous sabordant, pour rester dans notre zone de confort inconfortable ». Alors, l’envie ne sera pas suffisante car la Volonté n’est en réalité pas au rendez-vous. Il y a encore une part de nous qui interfère.
9- Ce qui dépend de moi…
Épictète dans un texte célèbre invite à séparer « ce qui dépend de moi » (et que je peux changer) et « ce qui ne dépend pas de moi » (et que je dois accepter). Inutile donc de s’angoisser pour des choses sur lesquelles je n’ai pas de prise : il faut apprendre à les accepter et même à les accueillir sereinement.
La leçon d’Épictète est aussi que l’on dispose toujours d’une marge de manœuvre pour desserrer l’étreinte (lui-même était né esclave et a obtenu son affranchissement). L’art de vivre entendu comme capacité de maîtrise de soi, de contrôle de sa destinée a donc des racines anthropologiques, historiques et psychologiques très profondes : confrontés aux épreuves de la vie, nous avons mis au point des techniques mentales de survie. Certaines aident à supporter les souffrances et les frustrations, d’autres à s’armer psychologiquement pour affronter les défis.
En ce sens, l’art de vivre et le développement personnel ne sont pas des inventions de la modernité récente. Ils étaient présents en Grèce antique, en Chine ou en Inde anciennes et dans la plupart des autres civilisations.
Mais ces techniques sont incontestablement stimulées dans nos sociétés qualifiées de « réflexives » par les sociologues. Qu’il s’agisse des études, du travail, de la vie de couple, chacun est invité à faire des choix et à ne plus se soumettre à des directives imposées. La gestion de sa vie repose sur la mobilisation personnelle. D’où le besoin de discipliner son existence. Ce que ressentent bien l’étudiant livré à lui-même, le salarié relativement libre de gérer son emploi du temps et ses méthodes de travail (du moment qu’il atteint ses objectifs), le chômeur qui cherche à se réinsérer, l’alcoolique ou le fumeur qui souhaite se libérer de son addiction, etc.
La société de consommation et de communication nous soumet tous à des stimulations incessantes à consommer, à s’informer, à se distraire. Et l’individu, pris dans les mailles de son propre désir, éprouve le besoin de se dégager de cette emprise et de mieux maîtriser son existence. D’où une certaine adéquation entre les messages de simplicité volontaire qui ont le vent en poupe, et les sagesses antiques qui invitaient à modérer ses désirs et à résister aux vaines passions.
« Ce qui dépend de moi », c’est donc aussi se défaire de ces multiples stimulations, distractions, sollicitations ou injonctions qui me tiraillent dans tous les sens et m’empêchent de suivre les buts que je me suis fixés. Si je m’en suis fixés…
Ce point est à mon sens un des point les plus essentiels à intégrer et appliquer pour pouvoir s’offrir une vie apaisée.
L’importance de « ce qui dépend de moi » est essentiel et incontournable pour toute personne qui souhaite vivre sa vie de façon constructive ou qui ne souhaite pas se faire souffrance inutilement (Cf. point 3).
Nous n’avons pas d’incidence sur ce « qui ne dépend pas de nous ». On peut croire illusoirement que si lorsqu’on a besoin d’avoir l’impression d’avoir le contrôle sur notre vie. Mais c’est faux, c’est un mensonge de notre ego. Dans notre existence, nous ne contrôlons rien.
Notre seule incidence se situe dans le choix de nos pensées, nos paroles et nos actes. C’est-à-dire de nos choix : notre libre arbitre.
Pour tout le reste, nous pouvons avoir les meilleures intentions du monde on maîtrise que dalle.
Essayer de changer « ce qui ne dépend pas de nous« , nous conduit à l’échec garanti. Par contre, il est toujours possible de changer un autre paramètre.
Exemple : Je veux faire changer ma femme.
Clairement, ça ne dépend pas de moi. Ma femme ne changera que si elle le souhaite ou si cela est utile pour elle. Par contre, je peux changer ma perception de ce qui crée mon agacement face à ce qui ne me plait pas chez elle. Ou modifier la perception que j’ai d’elle et que j’entretiens inconsciemment mais qui peut être erronée. Parce que ça, ça dépend de moi. Mais, tout reste à faire !
En appréhendant davantage ce qui dépend de soi ou pas, nous avançons sur le chemin du connais-toi toi-même. Et vous pourrez vous offrir la possibilité de connaitre d’autre personne. (cf. Etre et incarner qui je suis)
10. N’attends pas qu’il soit trop tard
« Le temps d’apprendre à vivre, il est déjà trop tard » (Aragon). Tel est le paradoxe de l’art de vivre : il faudrait tant de temps pour apprendre à vivre que l’on y parviendrait juste au moment où les forces nous abandonnent. Une autre idée déprimante voudrait que l’on apprenne à vivre à coups d’échecs.
« Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort » (Nietzsche). Sottise ! Certes à force de se taper sur les doigts, l‘apprenti apprend à mieux tenir son marteau. De même, on pense à sauvegarder plus souvent ses données après avoir crashé une ou deux fois son disque dur. Mais la plupart des grands échecs ne rendent pas plus fort : ils nous traumatisent, nous fragilisent et nous affaiblissent (8).
Il est une façon plus positive d’envisager les choses. Boèce assignait à la sagesse un but de « consolation », Épictète la voyait comme un « remède » aux souffrances. Or qu’attend-on d’un remède ? Non pas qu’il nous donne santé et jeunesse éternelle, mais qu’il nous guérisse d’un mal ou au moins en atténue les douleurs. Mais il va de soi que les leçons de philosophie ne sauraient offrir le bonheur absolu ni garantir le succès de nos entreprises. On sait aussi que les remèdes doivent être pris avec discernement : « Tout est poison, rien n’est poison, tout est question de mesure », disait Hippocrate. Chaque remède a enfin ses effets secondaires indésirables. C’est vrai aussi pour les leçons de vie.
La philosophie peut aussi être conçue comme un art de combat.
L’art de la chasse nous enseigne à connaître le gibier, à traquer, à poser des pièges, à tirer. Mais il ne garantit jamais que la chasse sera bonne. L’art du dessin nous apprend à faire des paysages ou des portraits, mais ne donne ni le talent ni l’envie de dessiner. L’art de la boxe apprend à donner des coups, à les esquiver, à les encaisser. Il prépare au combat mais ne peut promettre toujours la victoire. Il en va de même pour l’art de vivre. Il aide à affronter les épreuves de la vie mais ne saurait en garantir l’issue.
Sauf pour la dernière, si l’on admet avec Montaigne que « philosopher, c’est apprendre à mourir ».
Franchement, je ne vous suis pas du tout sur ce point là.
Bien sur que l’épreuve existe pour nous affermir ! La question c’est pourquoi tout le monde ne grandit de ses épreuves ?
Parce que la plupart des gens prennent cela pour des échecs, pour les conséquences de la malchance et se victimisent. C’est cela le libre arbitre : choisir comment on souhaite vivre une expérience. Et, si l’humain se déresponsabilise en se disant que c’est un coup du sort et ne change rien, effectivement, il n’apprendra rien de son expérience et n’en deviendra pas plus fort. Mais c’est son choix.
La philosophie donne effectivement des pistes pour nous aider à tendre au bonheur mais elle ne garantit pas que nous l’embrassions. Pourtant, relativisons en prenant plaisir à sa recherche car le bonheur est dans le voyage, pas la destination.
Et puis comme disent très justement les soufis :
Pour pouvoir Vivre, il te faut d’abord mourir
En choisissant de vous lancer dans la recherche du connais-toi toi-même, c’est dans ce processus que vous choisissez de vous investir.
Si vous souhaitez trouver un miroir pour vous offrir un reflet afin de percevoir ce qui se joue dans vos angles morts, je suis à votre service. Se permettre de percevoir vos zones sombres et un moyen opportun de commencer à cheminer dans la quête du connais-toi toi-même.
Pour aller plus loin à ce sujet, vous pouvez aussi être intéressé(e) par le replay : Raccommoder l’Ombre et la Lumière
Connais-toi toi-même plus facilement en utilisant le miroir le plus lisse possible
Pour se voir dans le monde physique, il [lui] faut (à l’humain) un objet qui reflète son image : la
surface de l’eau, ou un miroir…. Il a donc besoin de se voir à travers quelque chose d’extérieure à lui.. Il en est de même dans la monde psychologique : l’homme a besoin des autres pour découvrir ce qu’il est. Mais les autres, qui ne sont jamais tout à fait lucides ni désintéressés, ne peuvent pas être des miroirs impeccables, ils lui renvoient une image déformée de lui-même. […]
Le moyen que je vous conseille, moi, le plus économique, le plus sage, le plus efficace, c’est de demander au Ciel de vous placer devant un miroir parfait, c’est-à-dire un être d’une grande abnégation, d’un grand désintéressement, qui n’a aucun intérêt à vous tromper pour profiter de vous. […]
Et lui qui est désintéressé, entrera en communication avec le Ciel et vous donnera des réponses impeccables.
– Omraad Mikhaël Aïvanhov « Qu’est-ce qu’un Maître spirituel ? »
Si vous choisissez de vous investir dans cette aventure, ce voyage du héros du connais-toi toi-même, et que vous souhaitez un accompagnement, j’aurais plaisir à vous accompagner durant ce voyage. Alors, si l’idée vous séduit, soyez libre de réserver votre consultation quand vous souhaitez.
N’hésitez pas à me faire part de vos commentaires.
A bientôt !
Lætitia TRILLEAU
Auteur de « J’ai décidé d’être heureux/se«
NOTES
(8) J.-F. Dortier, « Ce qui ne nous tue pas nous rend-il vraiment plus fort ? », disponible sur le blog www.dortier.fr
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