Revenir de pèlerinage – mon retour post Compostelle

Revenir de pèlerinage pourrait s’appeler comment j’ai vécu une crise existentielle post Compostelle.

Déjà lorsqu’il m’a fallu revenir de pèlerinage après ma première partie de pérégrination (80 km pour 4 jours et demi), je vous avais exprimé à quel point il m’avait été difficile de rentrer. M’extraire du flux avait été complexe.

Cette fois-ci, il est question de revenir de pelerinage (après 200 Km et 8 jours), alors que je ne me suis pas connectée au flux du chemin. J’ai voyagé à travers lui sans m’y connecter, parce que j’étais en décalage; en marge du chemin. Je marchais sur le chemin mais je n’étais pas dans le chemin. J’étais connectée à autre chose de plus grand que ce chemin. L’effet du retour après cette seconde partie, a été encore bien plus difficile.

Cela a commencé dans les derniers jours de mon pèlerinage, lorsqu’il a fallu que je prenne le bus pour quitter Santiago (Saint Jacques de Compostelle) où je n’avais eu aucun plaisir à être. Pourtant, si je voulais voir Finisterre et Muxîa, dans le temps imparti, il me fallait prendre le bus. Je n’avais pas d’autre alternative.

Attendre le bus et ne pas marcher a été pénible corporellement davantage que mentalement.

A l’arrêt de bus déjà, je commençais à comprendre que les structures citadines généraient en moi un mal-être, une répulsion physique ou plutôt énergétique.

Mais au-delà de cette structure humaine de béton et de vibrations lourdes, être assise dans un bus, dans un espace exigu, limité et fermé créait en moi une réaction électrique et désagréable. J’ai voulu m’y contraindre, faire un effort pour supporter cela, je n’avais qu’environ une heure.

Mon immobilité et les conditions environnementales m’étaient trop insupportables.

J’ai même demandé au chauffeur à descendre du bus avant ma destination. J’avais vraiment besoin de marcher alors que je souffrais à nouveau d’une tendinite du talon d’Achille. Mais, heureusement, avec l’aide du Web, je suis devenue une pro en strapping.

Le chauffeur a accepté de me déposer au premier endroit où il pourrait s’arrêter sans gêner la circulation. Et, c’est ce qu’il a fait. Il m’a déposée au milieu de nulle part. Tout était contre moi. Je n’avais pas prévu de nourriture (il était 12h45), ni d’eau (il est improbable de trouver de l’eau potable à une fontaine, une rivière ou autre dans cette région, toutes les eaux sont hyper polluées), ni la tenue adaptée à la marche et pas de liquide. Il est à noter que la plupart des commerces refusent le paiement en CB. Les espagnols sont en rébellion contre les banques. Le moyen de paiement est donc les espèces ou à défaut, le liquide !

A partir de là où le chauffeur m’a déposé, tant bien que mal, au milieu de rien. J’ai expérimenté une expérience improbable.

J’ai trouvé un bon bâton de marche… un peu grand certes, il faisait plus de 2 mètres mais il était léger. J’y ai découvert un point d’eau potable contre toute attente ! et un recoin abrité pas les arbre où j’ai pu me changer. Ce jour-là, j’ai marché 18 Km. J’ai vu des paysages magnifiques, fais des rencontres hors du commun et j’ai reçu tout ce dont j’avais besoin. Même quelques mures pour réguler ma faim.

Après environ 8 km de marche, j’ai traversé un micro village où un vieil homme a commencé à me chambré en patois par rapport à la longueur de mon bâton. Nous avons rigolé ensemble à propos des loups des bois et les loups des champs. En prolongement, il m’a proposé de m’offrir une bière bien fraîche et des tapas. Ce quoi était vraiment opportun compte tenu de ma situation.
En même temps qu’il a nourrit mon corps, nous avons nourri mon esprit d’histoires locales contre quelques anecdotes de mon expérience de pèlerine.

La marche, le grand air, vivre avec rien en ayant tout le nécessaire sont devenus addictifs.

Il était temps de revenir de pèlerinage. Pourtant, si je vous disais que j’ai eu plaisir à rentrer, je vous mentirais. J’aurais préféré ne pas avoir à rentrer. Pourtant, mes responsabilités de mère me l’imposaient et mes enfants me manquaient. Pour aucune autre chose, je ne serais rentrée.

Etre dans la ville de Saint Jacques de Compostelle a été pour moi une torture. Alors même que c’est le but du pèlerinage… d’arriver à Santiago. Mais, j’ai vécu cela comme être au Disneyland du catholicisme espagnol. On était au top de l’absurdité consumériste et moderne.

L’idée même de dormir en ville, le premier jour après ma reprise du pèlerinage, m’avait déjà été inenvisageable. Je m’étais mise à marcher à midi alors que je n’avais quasiment pas dormi de la nuit. Cette nuit-là, j’attendais mon prochain vol en correspondance à Genève (où il n’y a pas de zone de transit la nuit !?). J’avais dû dormir parterre dans le hall d’entrée de l’aéroport au milieu des autres personnes dans mon cas et des clochards qui cherchaient un abri.

Le deuxième jour a été du même acabit. Arrivée là où avait été définie mon étape, la foule grouillante des pèlerins beaucoup plus dense que ce que j’avais pû expérimenter lors de ma première expérience sur St Jacques, m’a été intolérable. J’ai préféré continuer à marcher quitte à ne pas trouver de lit. En cumulé, sur ces deux premiers jours, j’avais déjà marché 55 Km.

Le retour à la civilisation a été raide

Après mon périple de marche improvisée, qui m’a amenée à visiter Finisterra et Muxîa, avant de choisir de sortir du chemin de Compostelle pour choisir mon propre chemin, je suis repassée par Compostelle avant d’aller à l’aéroport où  mon vol retour était prévu. J’y ai trouvé des lieux un peu plus adaptés à mon état de crise.

Mais l’ambiance de la ville ne me convenait clairement pas. Bien que je supportais un peu mieux que la première fois. J’étais joyeuse de retrouver mon binôme. Même si, chez lui aussi, j’ai pu constater cet état inconfortable que je commençais à ressentir. Sauf que lui semblait vivre cet état depuis plusieurs jours déjà.

La station d’autobus a été, pour moi, un lieu de rejet épidermique. L’aéroport de Santiago était un non-sens. Celui de Barcelone une absurdité issue d’un croisement entre un hôpital et un centre commercial à grande échelle.
Être à Nice a pris la consistance d’une réalité virtuelle. J’ai eu la sensation d’arriver à un endroit que je connaissais mais qui m’était inconnu. Le monde de la consommation n’est clairement pas mon monde. Commet allais-je pouvoir m’y faire ou m’y contraindre ?

Vous dire que mon confort m’a manqué serait aussi un mensonge.

Mon confort est constitué de l’amas de choses que j’ai, en opposition à tout ce que je n’ai pas. Mais en ayant rien d’autre que ma tenue et le contenu de mon sac de pèlerine, j’avais tout. Et, je n’avais aucune peur de perdre quoi que ce soit car je ne possédais rien de valeur à part mon coeur, mon âme et mon esprit.

Revenir de pèlerinage m’a appris des choses, mais en vérité, je n’ai qu’une envie : repartir et vivre de la providence en pleine nature.

Chaque pèlerin a sa propre expérience. La mienne a été celle-la :
Quand j’avais faim, on m’a donné à manger.
Quand j’ai eu soif, on m’a offert à boire.
Quand j’ai souhaité avoir de la compagnie, j’ai rencontré des gens au grand coeur avec qui échanger ou partager.
Quand j’étais fatiguée, on m’a donné une nouvelle vague d’énergie, un nouvel élan.
Quand j’ai eu besoin d’un lit, l’univers s’est mis en mouvement pour que j’en trouve un dans les 20 minutes qui suivaient, même dans un Santiago blindé et débordant où la course au lit était insoutenable à 24h du 15 aout.

J’ai parlé avec toutes sortes de gens comme si nous nous connaissions depuis toujours.

Quand j’ai eu besoin d’un bâton, j’en ai trouvé un dans l’instant.
J’ai aussi trouvé un pantalon à ma taille, de l’argent sur la plage puis sur le chemin, des gens pour échanger, partager, m’apporter de l’aide, panser mes blessures et apaiser mes souffrances.

Si ce n’est pas cela vivre l’abondance et la providence, c’est que je n’ai rien compris !

Je me suis perdue en dehors du chemin pour ma plus grande satisfaction… J’étais libre !

Libre de choisir quand je me levais, mangeais, partais…
Libre d’échanger ou pas avec les gens.
Libre de marcher vers l’endroit que je souhaitais ou de changer d’avis.
Libre d’aller et venir.
Libre d’abandonner toutes mes possessions dans un coin et les retrouver telles qu’elles quelques heures plus tard sans crainte qu’on me les prenne.

J’avais le choix de m’arrêter dans une église, un bar, une auberge ou pas, d’y méditer ou pas, … ou simplement de l’ignorer.

J’ai expérimenté la possibilité d’oublier mes blessures et douleurs comme si elles n’étaient que des illusions.

J’avais la liberté de sociabiliser ou non avec les gens, de leur parler 5 minutes ou plus, de prier pour eux ou pas, de les ignorer pour le reste de ma vie.

J’ai pu vivre… à mon rythme comme il me plaisait.

Ainsi, je vous garantis que le retour est rude.

Le bruit, l’agitation, l’insatisfaction prégnante de la société, les média, l’enfermement… me sont devenus insupportables. J’aurais pu mourir de la débilité humaine, dans l’attentat de Barcelone, j’y étais ce jour-là.

Le premier soir de mon retour en France, je n’ai pas réussi à manger tellement j’étais écoeurée.

Peut-être pensez-vous que c’est la reconnexion avec mes problèmes du quotidien qui ont générés mon blues du pèlerinage. Qu’en conséquence, j’étais en crise et que j’ai voulu disparaître et tout plaquer pour y échapper. Mais, ce n’est pas cela.

Des problèmes, en réalité, je n’en ai pas. Ce ne sont que des idées. Et, ces idées sont insignifiantes.

J’ai pu revenir de pèlerinage entière, pourtant une partie de moi est morte.

Je n’ai pu faire que ce constat hier (le lendemain de mon retour). J’ai laissé une part de moi sur la Costa de la Morte, à Muxia. Mon être s’est fissuré à l’instar de cette pierre que j’ai immortalisée sur la photo ci-contre et une part de moi s’est extraite de la propre pierre qu’est mon corps et peut-être même mon être.

J’étais assise là, seule, face à un panorama enchanteur, à observer l’un des plus romantiques couchers de soleil que la Terre puisse offrir, pendant qu’une part de moi mourrait.

Le mal-être que je ressens depuis lors est mon monde intérieur qui essaie de recréer un équilibre dans une vie qui ne me correspond plus. Mais comment expliquer cela à mes proches ?

Je suis en deuil.
Je dois redonner du sens à ma vie.

Une autre mort a eu lieu un peu après mon retour, une fois arrivée chez moi. Je ne pourrais vous dire avec certitude quelle part de moi est morte. Mais, ce qui est certain, c’est qu’elle m’a libérée d’un attachement devenu inutile. Il me semble que la part naïve de mon enfant intérieur qui souhaitait à tout pris être aimée pour ne pas être abandonnée est morte… parce que je n’ai plus peur d’être seule. Ma solitude est même une amie réconfortante et apaisante. Et que je sais que Dieu, l’univers, la source, le tout, l’intelligence cosmique, la magie de la Vie… (peu importe le nom que vous souhaite donner à cette conscience plus grande que nous) m’aime et veille sur moi avec justesse et bienveillance.

Revenir de pèlerinage ok, et après ?

Dès lors, il est l’heure de faire le point pour ne pas passer à côté du bon chemin de cette nouvelle version de qui je suis.

Alors, je vous le dis, un pèlerinage ne se fait pas à la légère.
Si vous choisissez de partir, réfléchissez à votre intention.
Qu’est-ce que vous allez chercher ?
La destination que vous recherchez inconsciemment n’est souvent pas celle que vous pensez chercher consciemment

Et si ce que vous trouvez est autre chose et que cela remet en question toute votre vie, êtes-vous tout de même prêt(e) à prendre le risque ?
Comment ferez-vous pour reprendre votre vie quotidienne après la nécessité de revenir de pèlerinage ?

Alors certes, pour moi, revenir de pèlerinage est un retour ardu car cela a réveillé mon besoin de liberté, de découverte, de partage, de mouvement… toute cette part de moi que je tiens au silence et à l’oubli depuis bien trop longtemps. Chacun vit son pèlerinage différemment. Mais, il était incontournable pour moi de re-prendre conscience des mes besoin pour pouvoir le rencontrer et trouver des moyens de le rencontrer.

A cette heure, mes réflexions s’orientent vers ces questions :

– Comment donner du sens de tout cela ?
– Quel est le rêve de ma vie ?
– Comment vais-je pouvoir le réaliser ?
– Comment incarner cette nouvelle version de qui je suis sans retomber dans le piège de la société de consommation ou le déni ?
– En quoi cette expérience pourra devenir une de mes contributions au monde ?

Cela passera nécessairement par la nécessité de m’alléger de ce dont je n’ai plus besoin.

Mais avant même de pouvoir répondre à toutes ces questions, il me faut me remettre en condition car mes enfants sont déjà là, avec moi. Et, j’oeuvrerai à nouveau, pour ma plus grande satisfaction, après demain (quand vous lirez cet article j’aurais repris depuis une semaine) pour aider mon prochain à guérir, à s’apaiser, à s’élever. Il est urgent que je me recentre, me ré-ancre pour pratiquer mon art.

Ce qui reste assuré est que tout est juste et que l’avenir sera encore meilleur si j’apprends de mes nouvelles expérimentations en continuant à marcher sur le chemin magique de mon intuition et de l’inspiration, car tout m’y est donné… si je suis assez sage pour avoir des oreilles pour entendre, des yeux pour voir et le Verbe juste pour transmettre la Vérité.

Je vous souhaite une belle et lumineuse semaine à tous et vous invite à poster vos questions, feedback ou autre en utilisant le module de commentaires.

Revenir de pèlerinage

Revenir de pèlerinage ou comment j’ai vécu une crise existentielle.

Déjà lorsqu’il m’a fallu revenir de pèlerinage après ma première partie (80 km pour 4 jours et demi), je vous avais exprimé à quel point il m’avait été difficile de rentrer. M’extraire du flux avait été complexe.
Cette fois-ci (200 Km et 8 jours), je ne me suis pas connectée à ce flux. J’ai voyagé à travers lui sans m’y connecter, parce que j’étais en décalage; en marge du chemin. L’effet du retour après cette seconde partie, a été encore bien plus difficile.

Cela a commencé dans les derniers jours de mon pèlerinage, lorsqu’il a fallu que je prenne le bus pour quitter Santiago où je n’avais eu aucun plaisir à être. Pourtant, si je voulais voir Finisterre et Muxia, dans le temps imparti, il me fallait prendre le bus. Je n’avais pas d’autre alternative.

Attendre le bus et ne pas marcher m’a insupporté. J’ai même demandé au chauffeur à descendre du bus avant ma destination. J’avais vraiment besoin de marcher alors que je souffrais à nouveau d’une tendinite du talon d’Achille. Mais, heureusement, avec l’aide du Web, je suis devenue une pro en strapping.
Là où le chauffeur m’a déposé, tant bien que mal, au milieu de rien. J’ai trouvé un bon bâton de marche… ainsi qu’un point d’eau potable (ce qui est rare contre toute attente) et un recoin où me changer. Ce jour-là, j’ai marché 18 Km. J’ai vu des paysages magnifiques, fais des rencontres hors du commun et j’ai reçu tout ce dont j’avais besoin.

La marche, le grand air, vivre avec rien en ayant tout le nécessaire sont devenus addictifs.

Si je vous disais que j’ai eu plaisir à rentrer, je vous mentirais. J’aurais préféré ne pas avoir à rentrer. Pourtant, mes responsabilités de mère me l’imposaient et mes enfants me manquaient. Pour aucune autre chose, je ne serais rentrée.

Etre dans Saint Jacques de Compostelle a été pour moi une torture. Alors même que c’est le but du pèlerinage… d’arriver à Santiago. Mais, j’ai vécu cela comme être au Disneyland du catholicisme espagnol.

L’idée même de dormir en ville, le premier jour après ma reprise du pèlerinage, m’avait déjà été inenvisageable. Je me suis mise à marcher à midi alors que je n’avais quasiment pas dormi de la nuit. Cette nuit-là, j’attendais mon prochain vol en correspondance à Genève (où il n’y a pas de zone de transit la nuit !?).

Le deuxième jour a été pareil. Arrivée là où avait été définie mon étape, la foule grouillante des pèlerins m’a été intolérable. J’ai préféré continuer à marcher quitte à ne pas trouver de lit. En cumulé, sur ces deux premiers jours, j’avais déjà marché 55 Km.

Le retour à la civilisation a été raide

Je suis repassée par Compostelle avant d’aller à l’aéroport pour mon vol retour. J’y ai trouvé des lieux un peu plus adaptés à mon état de crise.

Mais l’ambiance de la ville ne me convenait clairement pas. Pourtant, j’étais joyeuse de retrouver mon binôme. Même si, chez lui aussi, j’ai pu constater cet état inconfortable que je commençais à ressentir. Sauf que lui semblait vivre cet état depuis plusieurs jours déjà.

La station d’autobus a été, pour moi, un lieu de rejet épidermique. L’aéroport de Santiago était un non-sens. Celui de Barcelone une absurdité issue d’un croisement entre un hôpital et un centre commercial.
Être à Nice a pris la consistance d’une réalité virtuelle. J’ai eu la sensation d’arriver à un endroit que je connaissais mais qui m’était inconnu. Le monde de la consommation n’est clairement pas mon monde.

Vous dire que mon confort m’a manqué serait aussi un mensonge.

Mon confort est constitué de l’amas de choses que j’ai, en opposition à tout ce que je n’ai pas. Mais en ayant rien d’autre que ma tenue et le contenu de mon sac de pèlerine, j’avais tout. Et, je n’avais aucune peur de perdre quoi que ce soit car je ne possédais rien de valeur à part mon coeur et mon âme.

En vérité, je n’ai qu’une envie : repartir et vivre de la providence en pleine nature.

Chaque pèlerin a sa propre expérience. La mienne a été celle-la :

Quand j’avais faim, on m’a donné à manger.
Quand j’ai eu soif, on m’a offert à boire.
Quand j’ai souhaité avoir de la compagnie, j’ai rencontré des gens au grand coeur avec qui échanger ou partager.
Quand j’étais fatiguée, on m’a donné une nouvelle vague d’énergie, un nouvel élan.
Quand j’ai eu besoin d’un lit, l’univers s’est mis en mouvement pour que j’en trouve un dans les 20 minutes qui suivaient, même dans un Santiago blindé et débordant où la course au lit est insoutenable.

J’ai parlé avec toutes sortes de gens comme si nous nous connaissions depuis toujours.

Quand j’ai eu besoin d’un bâton, j’en ai trouvé un dans l’instant.
J’ai aussi trouvé un pantalon à ma taille, de l’argent sur la plage puis sur le chemin, des gens pour échanger, partager, m’apporter de l’aide, panser mes blessures et apaiser mes souffrances.

Je me suis perdue en dehors du chemin pour ma plus grande satisfaction… J’étais libre !

Libre de choisir quand je me levais, mangeais, partais… Libre d’échanger ou pas avec les gens. Libre de marcher vers l’endroit que je souhaitais ou de changer d’avis.

Libre d’aller et venir. Libre d’abandonner toutes mes possessions dans un coin et les retrouver telles qu’elles quelques heures plus tard sans crainte qu’on me les prenne.

J’avais le choix de m’arrêter dans une église, un bar, une auberge ou pas, d’y méditer ou pas, … ou simplement de l’ignorer.

J’ai expérimenté la possibilité d’oublier mes blessures et douleurs comme si elles n’étaient que des illusions.

J’avais la liberté de sociabiliser ou non avec les gens, de leur parler 5 minutes ou plus, de prier pour eux ou pas, de les ignorer pour le reste de ma vie.

J’ai pu vivre… à mon rythme comme il me plaisait. Ainsi, je vous garantis que le retour est rude.

Le bruit, l’agitation, l’insatisfaction prégnante de la société, les média, l’enfermement… me sont devenus insupportables. J’aurais pu mourir de la débilité humaine, dans l’attentat de Barcelone, j’y étais ce jour-là.

Le premier soir de mon retour en France, je n’ai pas réussi à manger tellement j’étais écoeurée.

Peut-être pensez-vous que c’est la reconnection avec mes problèmes du quotidien qui ont générés mon blues du pèlerinage. Qu’en conséquence, j’étais en crise et que j’ai voulu disparaître et tout plaquer pour y échapper. Mais, ce n’est pas cela.

Des problèmes, en réalité, je n’en ai pas. Ce ne sont que des idées. Et, ces idées sont insignifiantes.

Une partie de moi est morte.

Je n’ai pu faire que ce constat hier (le lendemain de mon retour). J’ai laissé une part de moi sur la Costa de la Morte, à Muxia. Mon être s’est fissuré à l’instar de cette pierre que j’ai immortalisée sur la photo ci-contre et une part de moi s’est extraite de la propre pierre qu’est mon être.

J’étais assise là, seule, face à un panorama enchanteur, à observer l’un des plus romantiques couchers de soleil que la Terre puisse offrir, pendant qu’une part de moi mourrait.

Le mal-être que je ressens depuis lors est mon monde intérieur qui essaie de recréer un équilibre dans une vie qui ne me correspond plus. Mais comment expliquer cela à mes proches ?

Je suis en deuil.
Je dois redonner du sens à ma vie.

Une autre mort a eu lieu un peu après mon retour, une fois arrivée chez moi. Je ne pourrais vous dire avec certitude quelle part de moi est morte. Mais, ce qui est certain, c’est qu’elle m’a libérée d’un attachement devenu inutile. Il me semble que la part naïve de mon enfant intérieur qui souhaitait à tout pris être aimée pour ne pas être abandonnée est morte… parce que je n’ai plus peur d’être seule et que je sais que Dieu, l’univers, la source, le tout, ou une autre puissance m’aime et veille sur moi avec justesse et bienveillance.

Et après ?

Dès lors, il est l’heure de faire le point pour ne pas passer à côté du bon chemin de cette nouvelle version de moi.

Alors, je vous le dis, un pèlerinage ne se fait pas à la légère.
Si vous choisissez de partir, réfléchissez à votre intention.
Qu’est-ce que vous allez chercher ?

Et si ce que vous trouvez est autre chose et que cela remet en question toute votre vie, êtes-vous tout de même prêt(e) à prendre le risque ?
Comment ferez-vous pour reprendre votre vie quotidienne après la nécessité de revenir de pèlerinage ?

Alors certes, mon retour est ardu car cela a réveillé mon besoin de liberté, de découverte, de partage, de mouvement… toute cette part de moi que je tiens au silence et à l’oubli depuis bien trop longtemps. Chacun vit son pèlerinage différemment.

A cette heure, mes réflexions s’orientent vers ces questions :
– Comment donner du sens de tout cela ?
– Quel est le rêve de ma vie ?
– Comment vais-je pouvoir le réaliser ?
– Comment incarner cette nouvelle version de moi sans retomber dans le piège de la société de consommation ou le déni ?
– En quoi cette expérience pourra devenir une de mes contributions au monde ?

Cela passera nécessairement par la nécessité de m’alléger de ce dont je n’ai plus besoin.

Mais avant même de pouvoir répondre à toutes ces questions, il me faut me remettre en condition car mes enfants sont déjà là, avec moi et j’oeuvrerai à nouveau, pour ma plus grande satisfaction, après demain (quand vous lirez cet article j’aurais repris depuis une semaine) pour aider mon prochain à guérir, à grandir, à s’élever. Il est urgent que je me recentre pour pratiquer mon art.

Ce qui reste assuré est que tout est juste et que l’avenir sera encore meilleur si j’apprends de mes nouvelles expérimentations en continuant à marcher sur le chemin magique de mon intuition, car tout m’y est donné… si je suis assez sage pour avoir des oreilles pour entendre, des yeux pour voir et le Verbe juste pour transmettre la Vérité.

Je vous souhaite une belle et lumineuse semaine à tous et vous invite à poster vos questions, feedback ou autre en utilisant le module de commentaires.

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